Période à laquelle Sana’a est devenue un centre culturel islamique important, avec son université musulmane et ses 106 mosquées. La cité vit toujours au rythme des 5 prières journalières mais aussi du kat, feuille aux effets stimulants et euphorisants qui ralenti l’activité dès le début de l’après-midi. Autre curiosité : l’artère principale traversant la capitale canalise les véhicules dans le lit d’une rivière asséchée. Entièrement pavée, elle passe sous les ponts reliant les deux rives en période de crue.

Le parc où se déroule le festival se situe à proximité de la grande mosquée, fraîchement achevée et dont le qualificatif de gigantesque serait mieux approprié. Au programme ; divers spectacles, expositions et stands d’artisanat fréquentés par une majorité de Yéménites. L’ambiance est familiale. Des jongleurs et peintres français sont également conviés à participer au festival depuis déjà plusieurs années par Sadek, le coordinateur du projet.

Improvisation

Deux jours pour préparer la démo ne seront pas de trop. Le temps remettre en route les motos, de constater que leur carburation est ici anormalement riche, et surtout de se familiariser avec une rampe et une réception non conformes aux plans communiqués. La rampe FMX mérite d’ailleurs le coup d’œil : entièrement réalisée en tube de récupération de tout profil et de toute section, avec des soudures à faire peur. Heureusement que les bécanes de trial sont légères !

Les Cévenols décident de faire 3 exhibitions d’une demi-heure par jour. Mais comment le faire savoir, sachant que le lieu de démonstration se situe sur un terrain de foot un peu à l’écart et que la sono annonçant les spectacles est HS ? Facile : il suffit d’aller stunter au milieu de la foule, puis de lui faire signe de les suivre.

Si les conditions de roulage ne permettent pas de réaliser toutes les figures habituelles, l’ambiance et l’enthousiasme du public sont pourtant au rendez-vous. Avoir préféré aux traditionnelles motos de cross ces nouvelles montures plus compactes, plus maniables mais aussi plus silencieuses, se révèle être un bon choix. La proximité avec les spectateurs est telle qu’elle permet de jouer avec les enfants en les encerclant. Les trials ne les effraient pas, et ils en redemandent.

Freeride

Les vertus de ces machines vont même donner une autre dimension au voyage. Après avoir rempli le contrat avec trois jours de démonstration, place à la récréation : une session freeride au Palais du Rocher, le Dhar Al Hajjar, situé à une vingtaine de kilomètres dans la vallée de Wadi Dhar. Une bonne occasion de découvrir le Yémen côté route.

Ici le klaxon est l’organe le plus important d’un véhicule, dont on se sert à peu près toutes les 5 secondes ; pour signaler sa présence à la voiture de devant, aux piétons, pour s’imposer à un croisement, avec divers nuances suivant la situation, un vrai langage en soi… Il y a pas mal de motos, toutes chinoises à l’exception de quelques rares petites cylindrées japonaises type CB 250. Pas l’ombre d’une vraie routière, d’un trail, et encore moins d’une tout-terrain, mais un goût prononcé pour la customisation à outrance : peinture, fourrure, bulle et bien sûr klaxon de camion !

Vols palais

Des sauts dans un décor féérique, que demander de plus ? Du public ? Les gamins du village voisin déboulent dès les premiers tours de roue. Un décor plus prestigieux encore ? Invitation est faite de pénétrer dans l’enceinte même du Palais du Rocher, véritable concentré de toute l’architecture yéménite. Un moment inoubliable, comme l’aura été l’accueil de tous les habitants rencontrés durant ces quelques jours.

Souhaitons à ce peuple fier et hospitalier de rouvrir prochainement le Yémen au monde, tout en préservant son patrimoine et sa culture. Le team EMP, lui, espère bien revenir le survol(t)er l’an prochain.

Julien Crespo

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