Saxon, petite firme américaine basée dans l’Arizona, cultive la moto à l’état originel. Vous savez, le concept « deux roues et un moteur »… Avec la HenchMan, c’est un plaisir « brut de décoffrage » qui s’offre à vous. Bon gros twin culbuté, cadre rigide (comme au commencement de la moto), le strict minium pour rouler (fourche, roues, freins), cette simplicité façonne sa beauté. Difficile en effet de rester de marbre devant cette bête de 260 kg, longue, basse, simple, mais terriblement attirante ! Et pourtant, le style « chopper », c’est pas vraiment le style de la maison Moto Mag…

Assez causé, allons nous la jouer « Born to be wild » ! Enfin, d’abord, il faut trouver sa position de conduite. Pas facile. Bras tendus, pieds en avant et le cul sur un bout de cuir (les ressorts de selle sont là pour faire beau), prendre ses marques demande un peu de temps. Contact sous la fesse gauche, un coup de démarreur : quelle voix, ce twin « S&S » de 1600 cm3 ! Sourd, puissant, le martèlement des deux grosses gamelles vous secoue le squelette. Première, clac ! et c’est parti.

Premier constat : rouler en « rigide » impose de revoir ses habitudes. Le trafic devient presque secondaire, il faut avant tout prêter attention à tout ce qui passe sous vos roues. Ralentisseurs, dalles d’égouts, voire mégots de cigarettes deviennent vos ennemis jurés ! Le cadre rigide ne laisse rien passer, et n’a d’autre fonction que d’envoyer à vos vertèbres un relevé topographique précis de tout ce qui défile sous la roue arrière… Et en plus, on en redemande !

Verdict. Chahuté par le châssis rigide, grisé par la poussée du bloc « S&S », ces sensations nouvelles hypnotisent. C’est sûr, on ne fera pas 1000 bornes d’une traite, le confort est aux abonnés absents et la position fatigue vite. Mais il faut voir cette Saxon comme un morceau de chocolat, un plaisir ponctuel et intense… Bon, du chocolat au cours de l’or : comptez un peu plus de 25.000 euros pour la version de base. Sûr, ce n’est pas donné, mais c’est le prix du sur mesure, construit avec un soin extrême. Et puis, un « chopper rigide », homologué et garanti deux ans comme une vulgaire moto de série, ça court pas les rues…