Balades en France

Tapas ton surf ?
À tout seigneur, tout honneur... Lieu de villégiature par excellence, la ville de Biarritz mérite sa réputation, tant sa côte est somptueuse. Mélange de Bretagne pluvieuse et de Riviera ensoleillée, la station balnéaire de l’impératrice Eugènie se pique d’hortensias et de dolce vita. Après avoir contemplé la houle sur le rocher de la Vierge – en rêvant à l’époque pas si lointaine des baleiniers du golfe de Gascogne –, on s’installe sur les terrasses du port des Pêcheurs pour déguster des tapas avec un verre de blanc. On peut toutefois préférer la plage de Port-Vieux, avec son anse art déco et ses cabines de bain que n’aurait pas reniées Jacques Tati. À l’heure de la sieste, dans la torpeur de l’après-midi méridionale, on gagne la route de corniche en passant devant la plage des Basques, l’un des plus beaux spots de surf pour les spécialistes.

Des beach boys s’essaient à la glisse dans des rouleaux plutôt calmes, et les filles qui les attendent sur la plage sont jolies comme il faut. Quelques kilomètres plus loin, le village de Bidart nous accueille avec sa place centrale et son trinquet rose, dans une atmosphère de carte postale. Les villas face à l’océan donnent envie de s’installer à demeure au pays de la pelote. On s’arrache à regret à ce charme envoûtant. À Guétary, autre village notoire, le bar Hetoroclito, sur la plage, est connu comme LA guinguette des surfeurs. À vous de juger en fonction de votre talent nautique et... de votre âge. Quoi qu’il en soit, le reste du village, à flanc de colline, ne manque pas d’intérêt.

Dites 64 !
Prochaine étape : Saint-Jean-de-Luz, capitale régionale. L’activité du port et des rues commerçantes, la beauté des façades sur le remblai, la lumière, tout concourt à nous convaincre d’y passer un peu de temps, quitte à chercher ensuite plus de calme ailleurs. Au-delà d’Hendaye, juste de l’autre côté de la frontière franco-espagnole, les tapas de Fontarabie, réputés pour être les meilleurs de la région, nous font de l’œil. Par chance, une navette ramène les fêtards au petit matin ; Après ces agapes côtières, si l’on aspire à un environnement plus sobre, l’intérieur du Pays basque ne manque pas de ressources. On gagne ainsi le village de Sare, haut lieu de la chasse à la palombe, en passant devant le sommet de la Rhune. Un cliché touristique, certes, avec son petit train, mais un réel point de vue sur la côte. Pour qui s’ennuie les jours de pluie, les excursions dans l’arrière-pays sont un bonheur, et chaque commune prend un air de fête, même par ciel couvert.

Maisons pimpantes à colombages, trilogie rouge-blanc-vert des couleurs locales associée à l’ocre des frontons, appelés aussi trinquets... Omniprésente est l’impression de propreté et de netteté sur fond de verdure (et de palmiers !) entretenue par les précipitations océaniques (eh oui !). Les amateurs d’opérette pourront se recueillir sur la tombe de Luis Mariano dans le cimetière du joli village d’Arcangues, tandis que les passionnés de kitsch littéraire iront visiter la villa Arnaga à Cambo-les-Bains, résidence d’Edmond Rostand, l’auteur de « Cyrano de Bergerac », avec ses horloges décalées et ses panneaux hermétiques pour fuir la lumière du jour. À Ainhoa, village « tradi » aux maisons immaculées, un magasin de souvenirs dans la rue principale, Identité basque, vend des bérets et des vêtements aux couleurs locales. À Saint-Pée-sur-Nivelle, la forêt porte le nom évocateur de Cherchebruit – un gage de promenades réussies. Autre sujet de réjouissances pour le touriste : la gastronomie locale, avec la piperade (omelette aux tomates et aux piments), le piment d’Espelette (encore un beau village), la confiture de cerises noires d’Itxassou et l’inévitable gâteau basque, pour n’en citer que quelques exemples.

L’esprit du chemin
On continue à s’enfoncer à l’intérieur des terres pour arriver à Saint-Jean-Pied-de-Port, site médiéval de la Basse-Navarre et étape des pèlerins sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle. À l’intérieur de la vieille ville, le refuge L’esprit du chemin accueille chaque jour plus de cent arrivants, dont, étonnamment, beaucoup de Japonais, pas forcément chrétiens, mais également en quête de spiritualité itinérante. Le lendemain, sur les petites routes qui mènent vers le col de Roncevaux, des lambeaux de brume s’accrochent au fond des vallées comme des fumerolles. Patrick et Adeline, nos sympathiques hôtes de Çaro (voir « Manger et dormir »), nous font découvrir leur région à moto. En dépit du soleil printanier et en raison de l’altitude, le vent est cinglant. Nous dépassons des files de pèlerins qui affrontent vaillamment des kilomètres de chemins dépourvus d’abris. Le long de la route, les potoks, ces petits chevaux locaux à la crinière blonde, nous ragaillardissent de leur silhouette débonnaire. Des milans tournoient dans l’air et une carcasse de cheval gît sur le sol. « Encore un pèlerin qui n’a pas survécu », lâche en riant un marcheur bien vivant, fièrement campé sur son bâton.Sans cesse et sans en avoir conscience, on chevauche la frontière franco-espagnole. Encore plus en altitude et à l’écart du chemin principal, Patrick et Adeline nous font découvrir les cromlechs, ces cercles de pierres mégalithiques qui témoignent de cérémonies rituelles ancestrales. On frissonne, à cause de l’altitude ou du poids des siècles.

Nous sommes tout près du col de Roncevaux, aujourd’hui en terre espagnole. Roland et son cor n’ont pas sonné, mais c’est typiquement le genre de paysage qui nous donne à percevoir combien la nature est plus forte que l’homme. Pas étonnant que l’histoire écrite et colportée en ait fait le site de légendes et de batailles épiques. Quittant ces tumultes, on redescend en lacets nonchalants pour une étape bucolique en forêt d’Iraty, la plus grande hêtraie d’Europe. Nous sommes ici sur la route du fromage Ossau-Iraty, le fameux brebis des Pyrénées, à déguster accompagné de confiture de cerises et de vin d’Irouleguy ou de Jurançon. Arrêt à Larrau-en-Soule, aux portes du Béarn-Pyrénées : l’austérité et l’altitude se font plus franches, invitant au recueillement montagnard. Pour le plaisir de rouler, encore et toujours, on gagne le village espagnol d’Ochagavia par la superbe D 26. Chevaux, vaches et moutons paissent en liberté, à tel point qu’il faut parfois s’arrêter, le temps d’attendre le bon vouloir d’un groupe de retardataires. Passé la frontière au pic d’Orhy, le revêtement se fait de velours. Grâce à des subventions récentes, la Navarre a refait ses routes : un vrai billard ! Par chance, très peu de véhicules encombrent le trajet. Nous rentrons à la nuit tombante nous régaler de garbure, ce bouillon de viande et de légumes omniprésent dans le pays et servi en début de repas, sa texture, de légère à épaisse, variant d’une maison et d’une vallée à l’autre.

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Cirque majestueux
Le lendemain, sous la première et unique pluie de la semaine (comme quoi !), on gagne la vallée d’Ossau, terminus oriental de ce périple dans le 64. On laisse à notre gauche le col de l’Aubisque cher au Tour de France, mais fermé en ce mois de mai à la circulation. Passé Laruns, on parvient à l’entrée majestueuse d’un cirque de montagnes surplombé par les 2 884 m du pic du Midi d’Ossau. Derrière ce sommet, le tunnel du Somport, enjeu de débats politico-écologiques et théâtre de la bataille pour la défense de l’ours. Un groupe de cyclistes passe dans le friselis de leurs roues aériennes. Mollets rasés, lycra bariolé... Pas une tête ne dépasse du groupe profilé. Pour nous, fainéants de motards, un tour de poignée de gaz suffira à conquérir l’horizon. Notre BMW GS 650 – en fait, une 800 cm3, rappelons-le – entre dans les virages avec aisance, et son bicylindre ne se montre jamais ennuyeux, même à faible allure. Un sacré engin, d’une polyvalence peu commune, à la fois bête de somme en duo et ludion euphorisant à l’attaque, sécurisé qui plus est par l’ABS. Ce trail resté à taille humaine permet en outre de s’aventurer sans frayeur sur les chemins, un atout toujours intéressant en montagne pour goûter aux joies du hors-piste et de la découverte. Vous avez dit pique-nique ?

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