Lors de cette première rencontre, mercredi 15 février, le courant est semble-t-il bien passé entre le ministre des Transports, Dominique Perben, et la délégation de la FFMC.

Une délégation de la Fédération Française des Motards en Colère (FFMC) a rencontré le ministre des Transports, Dominique Perben, mercredi 15 février en fin d’après-midi. Elle lui a remis en mains propres un exemplaire du « Manifeste pour une meilleure sécurité des motards ». Après un entretien de plus d’une heure, les quatre motards sont ressortis des salons du ministère avec une impression « positive ».

Un sentiment qui se reflète dans les propos de Nadia Levêque, membre du bureau national de la FFMC : « Il est nettement plus conscient que d’autres que les deux-roues motorisés sont en développement ». Le discours du ministre semble complètement différent de celui de Rémy Heitz, délégué interministériel à la sécurité routière ouvertement motophobe. « Par rapport au discours entendu ces derniers mois, l’évolution est vraiment positive », insiste Eric Thiollier, délégué général de la Fédération. Le ministre a même expliqué aux motards qu’il comprenait cet engouement, deux de ses enfants pratiquant le deux-roues !

Efforts sur la formation

Est-ce pour cette raison qu’il a semblé insister sur la formation ? Dominique Perben s’est engagé à « développer la sensibilisation des futurs automobilistes au partage de la route, avec une meilleure prise en compte des usagers vulnérables, dont les conducteurs de deux-roues motorisés ». En clair : la création prochaine d’un nouveau module thématique, avec des diapositives et des questions spécifiques, dans l’épreuve du Code de la route lors du passage du permis de conduire.

Un petit pas pour les motards, un grand pas dans l’appréhension de la formation par le gouvernement... A quand une heure obligatoire de pilotage d’une 125 cm3 dans le cadre du permis de conduire automobile ? Le ministre ne va pas aussi vite.

Permis moto à 1€

Autre progrès, « je suis favorable à l’extension du permis à 1€ par jour au permis moto, a déclaré Perben. Mes services procèdent à l’évaluation de cette mesure ». Les motards ne seraient donc plus les oubliés du progrès routier ? L’homme politique, qui brigue la mairie de Lyon en 2008, n’a pas oublié les propriétaires de 2-roues en milieu urbain : « Je suis ouvert à l’idée d’une charte de bonne pratique signée par les principales institutions représentatives du monde motard et visant à énoncer les critères d’un comportement responsable, notamment lorsqu’il s’agit de circuler entre les files de voitures », expliquait-il après l’entrevue.

Une charte semblable à celle mise en place par la Ville de Paris, signée par l’antenne FFMC de la ville mais pas par la Préfecture de Police, qui dépend du ministère de l’Intérieur... Le ministre des Transports va devoir faire preuve de persuasion pour convaincre ses homologues du bien fondé de sa volonté de prendre en compte l’essor des 2-roues.

Maintien de contrôles draconiens

Nombre de propositions contenues dans « le manifeste pour une meilleure sécurité des motards » ont retenu l’attention de Perben. Attendons les actes.

Dominique Perben a tenu à répéter « la nécessité de maintenir une ligne ferme en matière de contrôles routiers. Le nombre de radars automatiques flashant par l’arrière va augmenter », alors qu’ils sont de l’ordre de deux-tiers actuellement.

Quant à la loi sur le débridage, le ministre a rappelé que les récentes dispositions « ne portaient pas atteinte à la personnalisation des motos avec des matériels homologués dès lors que les seuils légaux de puissance étaient respectés ». Ce qui signifie, en clair, que tout accessoire homologué ne ferait l’objet d’aucune contravention lors d’un contrôle routier. Par contre, si ledit contrôle routier est équipé d’un banc de puissance dûment homologué et que la moto fait plus de 100 chevaux, alors elle risque d’être immobilisée en fourrière, jusqu’à sa remise aux normes.

Plus de circuits

Le ministre des Transports, qui rencontre l’instance sportive qu’est la Fédération Française de Moto (FFM) le jeudi 16 février, a rappelé son implication financière conjointe avec le ministère des Sports dans le projet « Ouvrez les circuit », destiné à favoriser l’ouverture de pistes pour que les motards puissent assouvir leur passion pour la vitesse. Une opération annoncée à grand renfort de communication en 2004, qui a eu du mal à se lancer mais semble à nouveau à l’ordre du jour à l’orée 2006. Il faudra cependant faire preuve de beaucoup de persuasion pour convaincre les collectivités locales, dont les budgets sont fortement affectés par la décentralisation Raffarin, de financer des circuits.

Partenariat

« Je veux établir un partenariat avec les motards », concluait Dominique Perben à l’issue de l’entretien. « Il faut éviter de stigmatiser ces usagers de la route et prendre en compte un mode de transport qui se développe ». La FFMC, satisfaite de ces engagements, attend maintenant des actes. Le ministre devra se dépêcher : dans moins d’un an la France va entrer en campagne pour l’élection présidentielle de mi-2007. Il sera difficile de mettre d’ici-là ce vaste programme en application.

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