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Dur pour le Doubs Et Vogue la galère Qingqi ! c’est quoi ?

Reste que chez les « CDI », les propos rassurants du communiqué de presse de la direction de Peugeot ne font guère illusion. Pour preuve, une journée d’action a eu lieu le 9 novembre sur les deux sites Peugeot. « On nous affirme que les emplois seront sauvegardés, mais on n’y croit pas », nous dit un syndicaliste de l’usine de Valentigney. « Nous avons déjà perdu 47% de la production des cyclomoteurs, le Vogue part en Chine, nous venons de fabriquer le dernier aujourd’hui (jeudi 30 novembre 2006), c’était le dernier 103 français et il y a déjà des modèles « Vogues » entièrement chinois dans les stocks, les nouveaux « Viva » et « Fox » viendront aussi de là-bas ».

Pessimiste quant au maintien de la production en France, il estime qu’elle n’existera plus d’ici 3 à 4 ans. À Dannemarie (2008 habitants) dans le Haut Rhin (68), où sont encore fabriqués, jusqu’en mars 2007, des moteurs de 103, l’optimisme est encore moins de mise quand à l’avenir, des 40 à 60 employés affectés à ce modèle. Et celui de l’unité de production toute entière. « Faire croire qu’il n’y aura pas de licenciements secs , c’est faire croire au Père-Noël, même les élus locaux, que nous alertons depuis des mois, nous ont quasiment répondu que cela leur semblait dans la logique des choses », nous indique un syndicaliste du cru. « Nous avons demandé par écrit à la direction de nous garantir qu’il n’y aurait pas de licenciements, ce qu’elle n’a bien sûr pas fait. »

Dans le contexte actuel, alors qu’il est prévu à très courte échéance de délocaliser toutes les productions de moteurs encore en œuvre dans le Haut-Rhin, ce syndicaliste estime que l’usine sera fermée entre la fin de 2007 et la mi 2008. « On nous dit qu’une partie du personnel pourrait être transférée à Mandeure (25) mais en supposant que cela soit, il n’y aura certainement pas de place pour tout le monde. »

Peau de chagrin

« Résolument tourné vers l’International, Peugeot y réalise 59 % de son chiffre d’affaires (CA) », peut-on lire sur le site internet officiel de la marque, à côté d’un graphique donnant le CA annuel entre 1999 et 2005. Il permet de comprendre pourquoi cette délocalisation chez Qingqi intervient sans doute plus rapidement que les dirigeants de Peugeot ne l’ont eux-même souhaité.

On apprend que Peugeot Motocycle réalise de 1999 et 2003 un chiffre d’affaires moyen de 266 millions d’euros. Mais en 2004 ce chiffre amorce une baisse et atteint 237 millions d’Euros pour chuter à 206 millions l’année suivante, soit une baisse totale de 60 millions !

Même si le feu couvait depuis une dizaine d’années, ce n’est réellement qu’à partir de 2003 que l’offensive à l’international, hors Asie, des gigantesques constructeurs chinois s’est vraiment déclenchée. Assez contenue encore en Europe, elle est énorme vers tous les pays dit émergents (traduisez : du Tiers Monde).

En très peu de temps, des constructeurs européens comme Peugeot et franco-nippons comme MBK ont vu sur ces marchés, leurs produits, de conception archaïque, concurrencés à outrance par des véhicules offrant pour des prix égaux ou nettement moindre, un luxe esthétique et technologique, inespéré jusqu’alors.

Comme l’avaient d’ailleurs fait avant eux les constructeurs occidentaux, les Chinois n’ont pas hésité pour vaincre les protectionnismes locaux à ériger en un temps record des usines d’assemblage tant en Afrique de l’Ouest qu’au Moyen-Orient et en Amérique latine. Côté Europe, où Peugeot réalisait encore 45% de son chiffre, la concurrence chinoise s’affirme aussi de plus en plus rude. Ce d’autant que de nombreux concurrents traditionnels ont eu aussi recours à des délocalisations de toute ou partie de leur production.

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