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Manifs : déjà avec les motards le 21 mai Automobilistes et motards unis : résistance ! Avec les motards, 40 Millions d’Automobilistes ! Contre Guéant 40 Millions d’Automobilistes

On vous voit à un mouvement spontané, à l’appel des fabricants d’avertisseurs de radar. Est-ce le rôle d’une association de défense d’usagers de soutenir des industriels qui ont un intérêt commercial ?
Nous ne sommes pas en train de défendre des industriels ou des outils, nous sommes là pour dire que, si la suppression des avertisseurs était utile à la sécurité routière, hé bien justement, nous ne serions pas présent. Cette mesure va à l’encontre de l’acceptabilité sociale. C’est mauvais pour la politique de sécurité routière.

Vous avez pour habitude de décortiquer les statistiques d’accidents. A quoi attribuez-vous la hausse du début d’année 2011 ?
Notre institut d’étude de l’accidentalité démontre que les accidents de janvier à avril 2011, c’est 72 % de tués en rase campagne, donc ce n’est pas un enjeu urbain. Il y a deux grands postes qui nous préoccupent : la perte de contrôle dans les virages (24 %), et 30 % de tués dans les lignes droites.
En extrapolant sur un an, la perte de contrôle dans les virages représente 750 tués par an, et les tués en ligne droite, c’est 950 tués. Soit 1700 tués. Or, les mesures préconisées par le CISR n’arrivent pas à répondre à cet enjeu.

Vous voulez dire que ces deux causes de décès ne seront pas résolues par un contrôle au radar ?
On peut résoudre la perte de contrôle du véhicule en virage en installant un radar fixe dans les courbes dangereuses, à condition qu’ils soient visibles. Or, on a deux mesures qui vont à l’encontre de cette visibilité des appareils : la suppression des panneaux les annonçant, et l’interdiction des outils avertisseurs. L’état d’esprit d’une majorité des utilisateurs n’est pas d’échapper aux contrôles et de s’affranchir de la règle, j’en suis persuadé. Aujourd’hui, la frontière entre les conducteurs et des pouvoirs publics qui sont sur le tout-répressif est clairement marquée.

40 Millions d’Automobilistes est connue comme une association de lobbying. Vous n’en avez pas fait suffisamment auprès des ministres ? Pas autant que la Ligue contre la violence routière (LCVR), qui semble avoir réussi son lobbying ?
Non, je ne crois pas que la Ligue ait plus réussi son lobbying que les autres. L’émotion est encore très présente dans ce débat complexe. Nous avons eu un changement au ministère de l’Intérieur, avec un changement de cap, une volonté d’être uniquement sur l’application des règles et le tout-répressif.
Les technocrates du ministère, très éloignés des réalités, ont dû sortir des mesures précipitamment, pour faire un effet d’annonce. Ce qui nous intéresse, c’est l’enjeu de sécurité routière. Mais vous avez noté que les associations de victimes se montrent elles aussi mécontentes de ces mesures. Il y a vraiment un malaise. Ce n’était pas le moment de remettre en cause l’acceptabilité sociale de la sécurité routière.

Pensez-vous que le gouvernement peut reculer maintenant ?
Cela va se jouer à l’Assemblée nationale. Aujourd’hui, les citoyens expriment leur mécontentement. Il doit s’exprimer par le biais des députés, qui ont un rôle, celui de contrôler l’exécutif. Nous sommes encore en démocratie, et les députés sont en droit d’intervenir sur les choix du gouvernement.

Appelez-vous les conducteurs à descendre dans la rue ?
On les appelle à se mobiliser, à faire connaître leur mécontentement. Cela passe par des formes de manifestation, mais aussi en se faisant connaître auprès des parlementaires, en écrivant à son parlementaire, à ses élus. J’appelle les gens à manifester par tous les moyens qu’ils peuvent trouver.

Y a-t-il un manque de cohésion entre les automobilistes, par rapport aux motards qui arrivent à se rassembler quand ils sont en colère ?
C’est la grosse difficulté. Les motards, quand ils se mobilisent, on voit un gros mouvement. Les automobilistes, on a tendance à penser que c’est un bouchon !

Ah, les bouchons autour de Paris sont en fait un mouvement de colère des automobilistes !
Oui, c’est ça, les automobilistes manifestent tous les jours sur le périphérique parisien ! Non, plus sérieusement, la mobilisation des automobilistes ne se fera pas dans le même esprit, mais il y a une volonté de rassembler les conducteurs.
Notre comité directeur a, et c’est la première fois, répondu favorablement à l’appel de la FFMC de mobiliser l’ensemble des usagers, le 18 juin prochain. Nous sommes solidaires. Aujourd’hui, nous voulons faire entendre au gouvernement le ras-le-bol exprimé par les Français.

Pour leur permettre de faire entendre leur mécontentement et de contester ces mesures, 40 Millions d’Automobilistes met à la disposition de l’ensemble des conducteurs français, sur son site internet, un modèle de courrier type à adresser au député de leur circonscription.

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