Une nouvelle fois, les FFMC de Paris et d’Île-de-France se sont mobilisées. Alors que la mobilisation de mi-décembre était placée sous le signe d’une météo glaciale, c’est un beau soleil printanier qui a accueilli les motards sur l’esplanade du château de Vincennes ce 30 mars. Dès 14 heures, ils ont afflué en masse, soucieux de clamer leur refus d’une écologie qu’ils jugent punitive. Au 1er juillet, les interdictions de circulation doivent se durcir. Non seulement à Paris, où les Crit’air 4 seront priés de ne plus franchir la barrière du périphérique, mais également sur les 79 communes comprises dans le périmètre de l’A86 selon un vote de la Métropole du Grand Paris (MGP) qui souhaite tout simplement interdire aux Crit’air 5 de faire tourner leur moteur en semaine. En tout, 700 000 véhicules seraient impactés.

Le motard éternel mauvais citoyen ?
Une mesure qui suscite toujours la même incompréhension, chez Thierry par exemple venu avec sa Royal Enfield Himalayan. Même s’il n’est pas directement concerné - sa moto arbore la vignette Crit’air 1 - il ne supporte plus de voir les motards constamment stigmatisés. « Je suis ici par solidarité bien sûr mais aussi pour dire mon ras-le-bol d’être systématiquement, en tant que motard, considéré comme un mauvais citoyen ». Même écho chez Philippe en CB 500 de 2000. Une fois passé le stade de la surprise après avoir appris qu’il ne pourra plus se déplacer au guidon de sa Honda dans 3 mois (« je croyais que c’était en 2021 »), le jeune retraité indique « J’aimerais bien m’acheter une machine plus confortable pour mes vieux jours mais je n’en ai pas forcément les moyens. Et comment va-t-on faire pour se déplacer avec le déploiement des ZFE sur l’ensemble du territoire (NDLR : 15 collectivités se sont engagées à mettre en place des Zones à Faible Émission d’ici 2020). Devra-t-on contourner les grandes villes ? » s’interroge-t-il.

Mini-révolution
Une problématique soulevée par le coordinateur de la FFMC Paris-PPC, Jean-Marc Belotti : « Dans le contexte social actuel qui a fait du pouvoir d’achat une question centrale, espère-t-on vraiment convaincre les Français de s’endetter pour acheter un nouveau véhicule et mettre à la casse celui qu’il possédait jusqu’alors, devenu invendable faute d’avoir le droit de rouler ? ». Et de dénoncer le caractère inique et antisocial de ces mesures qui risquent, selon le coordinateur, de créer une « mini-révolution quand les gens s’apercevront qu’ils sont assignés à résidence ». Un sentiment largement partagé par l’assistance qui sait les vertus du 2-roues en matière d’écologie. Ainsi la moto contribue de manière évidente au désengorgement des villes par sa facilité à se faufiler dans le trafic et à stationner. Rappelons qu’en région parisienne les bouchons se mesurent en centaines de kilomètres et, comme l’indique Yespark, « qu’un automobiliste sur 5 circulant à Paris est en train de chercher une place de stationnement » ce qui représente autant de carburant brûlé inutilement.

Une méconnaissance totale de la moto
Des atouts que les responsables politiques parisiens et métropolitains balaient d’un revers de la main du fait de leur méconnaissance totale de la moto et de ses pratiques. Ainsi, nos décisionnaires ignorent-ils sans doute qu’une moto effectue en moyenne 3000 km par an. Leur décision d’interdire à la circulation celles antérieures à 2004 à Paris revient à mettre au rebut des motos totalisant moins de 50 000 km encore aptes à rouler des années. Sans doute ont-ils également omis d’intégrer dans leur équation, l’impact écologique et la consommation d’énergie qu’impliquent la destruction d’un véhicule et la construction d’un autre destiné à son remplacement. Est-il également possible qu’ils ignorent à ce point que la moto constitue pour beaucoup un moyen de transport quotidien économique en entretien et en carburant ?

Gesticulation
C’est ce qu’a dénoncé Olivier Tournafond, professeur de droit à Paris XII, en prenant le micro devant l’assistance. L’homme appuie son argumentation sur « L’Air est pur à Paris… mais personne ne le sait », le livre de l’ingénieur polytechnicien Christian Gérondeau. « Les interdictions générales sont inutiles, injustifiées, abusives - indique notre professeur. Elles n’ont aucune efficacité sur la qualité de l’air. Ces véhicules, sauf ceux qui sont collectionnables, vont disparaître d’eux-mêmes. C’est scandaleux d’interdire leur usage alors même que la pollution des véhicules de plus de 20 ans ne représente que 3% de la pollution globale à Paris comme l’a reconnu lui-même Christophe Christophe Najdovki, adjoint aux transports de la mairie de Paris, dans un entretien au Monde de janvier 2017. Le problème est que notre homme est très idéologue et en a fait une question de principe. Nous sommes dans la gesticulation politico-médiatique. Du point de vue des libertés publiques, c’est grave de prendre en otage 700 000 véhicules pour donner au grand public l’impression qu’on fait quelque chose ».

Combat politique
C’est précisément parce qu’ils refusent cette prise en otage que ces 1500 motards sont venus défiler ce samedi 30 mars dans un Paris surchauffé, la capitale étant ce même jour le théâtre de 35 manifestations. Malgré ce contexte qui ne contribue pas à rendre audibles les revendications de la FFMC, la fédération continue le combat au niveau politique en multipliant les rencontres avec les maires des communes impactées par le vote de la MGP. Certains ont déjà fait part de leur désaccord avec la Métropole telle Bobigny qui a placardé des affiches de 4x3 mètres avec le hashtag #nonalaZFE. Le combat continue.

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