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Défense de la moto… en Italie. Déjà 20 ans !

Le mouvement motard italien (Coordinamento Motociclisti) fête cette année son vingtième anniversaire. Tout comme en France avec la FFMC, leurs revendications portent notamment sur la sécurité et l’aménagement des infrastructures. Exemple sur cette vidéo : les glissières de sécurité.

Motomag.com : Gianni, vingt ans après, où en est aujourd’hui le Coordinamento ?
Gianni Zamperini : Le CO représente aujourd’hui environ 15.000 sympathisants et entre 300 et 400 membres actifs. Malheureusement, nous ne sommes pas aussi bien structurés que chez vous en France, car il y a une forte disparité de présence du mouvement selon les régions.

MM.com : Ceci explique peut-être l’absence de grandes manifestations comme en France ?
GZ : Oui, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de coordination. Les grandes campagnes comme celles des rails de sécurité ou l’autoréduction des péages autoroutiers sont des initiatives nationales, et toutes les antennes régionales bénéficient d’assistance et de matériel.

MM.com : C’est quoi l’autoréduction des péages autoroutiers ?
GZ : C’est l’une de nos grandes luttes actuelles pour réparer une énorme injustice : celle du racket aux péages autoroutiers ! En Italie, un scooter 150 cm3 (limite d’accès en autoroute en Italie, NDR) est taxé comme un gros SUV. Autrement dit, un deux-roues de 150 kg et un 4x4 de 2000 kg payent le même tarif ! Trouvez-vous ça normal ? Je sais que chez vous c’est en partie réglé, même si je trouve que vous payez bien cher les péages par rapport aux services rendus par les sociétés privées qui gèrent les autoroutes…

MM.com :Comment faites-vous au Coordinamento pour obtenir des réductions ?
GZ : Au mois de mai, on a lancé l’opération « autoriduzione ». Il s’agit d’opérations où l’on se présente au péage en disant que l’on veut bien payer, mais seulement 20 % du tarif auto. C’est un signe de protestation qui ne nous dispense pas de payer ensuite les 80 % restant. Mais cela gêne les sociétés d’autoroute, car ils doivent mettre en place des procédures assez longues et complexes. De plus, ce type d’action a pour effet de ralentir les péages, tout en restant dans la légalité. À ce propos, nous avons mis en place une cellule d’assistance juridique pour tous les motards, solitaires ou en groupe, qui décident de mener une action de ce type.

MM.com : Quels sont les résultats ?
GZ : Tout est très lent ici, mais l’action est positive car bon nombre de motards ont compris qu’on nous presse comme des citrons ! De plus, suite à ces actions, Giovanni De Nicola, le conseiller aux Transports de la région Lombardie (celle de Milan), a proposé une réduction de 50 % sur les autoroutes périphériques de Milan et sur celle qui relie Milan à Gênes. On attend… Mais comme tu vois, ça avance et on espère que l’initiative de ce conseiller régional donne des idées à d’autres conseillers dans d’autres régions.

MM.com : En France, le mouvement motard peut s’appuyer sur un mensuel comme Moto Magazine ou un site comme motomag.com, sans compter tous les autres journaux moto ou sites Web qui sont sensibles aux revendications des motards. Quels sont vos supports de communication en Italie ?
GZ : À ce niveau, c’est assez catastrophique. Pour nous, petite association de motards sans moyens financiers, c’est une lutte permanente pour faire passer un simple communiqué dans la presse, même spécialisée. Et je ne vous parle même pas de partenariat pour de grandes causes sur la sécurité : les éditeurs préfèrent mener des actions de leur côté, avec des compagnies d’assurance ou des institutions comme l’Ancma (Associazione Nazionale Ciclo Motociclo Accessori), qui rassemble les constructeurs de motos et les fabricants d’accessoires ! Tout ce beau monde est un annonceur en puissance… On pourrait logiquement penser (ou rêver) que les médias spécialisés soutiennent les motards, mais ce n’est pas le cas. En Italie, tous les grands titres moto se placent du côté de l’annonceur plutôt que du consommateur.

MM.com : Et qu’en est-il avec les institutions ?
GZ :Ici comme ailleurs on préfère discuter avec ceux qui ne font pas peur. Dans les nombreuses discussions ou tables rondes au ministère des Transports italien, les interlocuteurs sont toujours les mêmes : pseudo associations de défense de la moto financées par des fabricants, groupement d’assurances, associations de sécurité routière gérées par les motards de la police… C’est du grand n’importe quoi ! Regardez le nouveau Code de la route que le gouvernement nous a pondu. Il y a des choses aberrantes comme les trois mois d’arrêt du véhicule si la plaque minéralogique est inclinée à plus de 30° ! Et puis il y a la mascarade des contrôles techniques qui ne servent à rien, sauf à remplir les poches des sociétés de contrôle, les tarifs d’assurances qui deviennent les plus chers d’Europe…

MM.com : Quelles seront vos prochaines luttes ?
GZ :Comme la FFMC en France ou les autres associations dans les pays européens, nous sommes et serons présents pour défendre l’intérêt des motards. Certes, nous disposons de peu de moyens financiers et humains comparés à d’autres grands mouvements. Notre stratégie s’adapte donc en fonction de ces moyens, souvent par des actions locales et ponctuelles. Et puis il y a l’appui de la Fema, fondamentale pour nous. L’action menée par cette fédération au sein des instances européennes fait parfois bouger une Italie qui s’accommode de tout et même du pire. Vous savez, faire évoluer les choses ici révèle presque de l’utopie : on se croirait en plein désert des Tartares, avec le temps qui passe et où rien n’arrive !
Nous comptons en tout cas, à l’aube de notre vingtième anniversaire, faire évoluer notre rôle et nos influences pour une meilleure défense des motards. À 20 ans, on est mûrs et nous y arriverons.

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