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La République En Marche a doté le gouvernement d’un ministre de l’Écologie qui est (ou fut) motard ? Qu’à cela ne tienne, la FFMC a écrit à Nicolas Hulot, le 24 mai 2017, pour lui demander « la libre circulation des deux-roues motorisés dans les zones à circulation restreinte ».

Crit’Air en cause
À partir du 1er juillet prochain, la vignette Crit’Air devient obligatoire. Cela signifie que :
- la non présentation de la vignette Crit’Air sur les véhicules déclarés autorisés pour pénétrer dans les zones à circulation restreinte (ZCR) constituera une infraction passible d’une contravention d’un montant de 68 €.
- Quant aux véhicules dont la date de première mise en circulation est antérieure au 31 mai 2000 pour les deux-roues motorisés (2RM) et 1997 pour les automobiles, ils sont définitivement classés parmi les interdits de séjour dans les grandes villes qui vont définir une ZCR.

La Fédération française des motards en colère (FFMC) conteste cette exclusion, notamment concernant les 2RM car :

  • aucun d’eux ne roule au gasoil,
  • ils fluidifient le trafic des véhicules en agglomération,
  • leur faible poids n’abime pas les chaussées,
  • leur faible encombrement est un atout dans le trafic et en stationnement,
  • leur rapport taux d’occupation/poids est très supérieur à celui d’une auto moyenne avec une personne à bord.

« Un 2RM (quel que soit son âge), ce n’est pas une moto de plus dans la circulation, c’est une voiture de moins dans le trafic ou un usager en moins dans des transports en commun largement saturés aux heures de pointe, souligne la FFMC. Autrement dit, la moto n’est pas une pollution, c’est une partie de la solution quant aux problèmes de pollution liés au trafic des véhicules à moteur et aux embouteillages. »

La FFMC a demandé une audience au ministre de l’Écologie, Nicolas Hulot, pour lui demander de « reconsidérer l’interdiction de circulation des motos dans le dispositif des ZCR que nous considérons inadapté, injuste et antisocial, explique-t-elle. Nous n’avons pour l’instant pas reçu de réponse au courrier que nous lui avons adressé le 24 mai dernier ».

Extraits du courrier envoyé à Nicolas Hulot le 24 mai par la FFMC

Monsieur le ministre, cher Nicolas Hulot,

Nous vous écrivons aujourd’hui pour plaider la cause des usagers en deux-roues motorisés en agglomération, notamment ceux qui utilisent régulièrement un deux-roues de plus de 15 ans dans leurs déplacements quotidiens.

Motards, scootéristes, usagers de deux-roues motorisés et avant tout citoyens, nous sommes tout autant que vous attachés à la préservation d’un environnement sain et durable pour tous, tant aujourd’hui que pour les générations à venir. Nous sommes, comme des millions d’humains dans le Monde, inquiets des dégâts irréversibles que les activités humaines, commerciales et industrielles engendrent (…)

Pour autant, nous protestons contre l’actuel dispositif des zones à circulation restreinte en agglomération qui interdit l’usage de nos motos et scooters un peu anciens, au motif que ces engins ne correspondent pas aux normes les plus sévères actuellement en vigueur sur les émissions polluantes des moteurs à combustion interne. Nous ne contestons pas que nos deux-roues émettent des gaz nocifs (comme tous les engins à moteur), mais nous considérons que cette pollution est bien moindre que de mettre au rebut nos véhicules pour les remplacer par des neufs, ce qui constitue également une sélection par l’argent… et là, c’est une attaque au principe de solidarité auquel nous sommes, vous et nous, très attachés !

« Les motards aussi doivent faire des efforts », nous disent tous ceux qui sont jusqu’à présent restés sourds à nos alertes. Mais se déplacer en deux-roues quotidiennement pour se rendre à son travail, c’est déjà un effort, c’est déjà une contribution à une meilleure fluidité du trafic et si les deux-roues motorisés sont en nombre croissant dans nos grandes villes, c’est bien parce que c’est un des meilleurs moyens pour éviter la voiture ou lorsque le recours aux transports en communs ou au vélo ne correspond pas aux besoins de nos déplacements qui sont des déplacements contraints.

Vous avez assez roulé à moto pour comprendre mieux que personne qu’une moto dans le trafic, c’est déjà une voiture de moins dans le trafic… qu’une moto est en moyenne six fois plus légère qu’une auto, qu’elle présente un taux d’occupation de 50% avec son seul conducteur quand une voiture en ville est généralement utilisée avec une seule personne à bord pour une capacité d’emport de cinq places. Vous qui roulez encore régulièrement en scooter électrique, on ne va pas vous expliquer que l’on peut stationner quatre deux-roues motorisés sur un seul emplacement auto… et bien que vous ayez opté pour le moteur à électrons, vous savez bien encore que nos motos ne carburent pas au gasoil, carburant mis en cause par les promoteurs des ZCR pour ses émissions de particules fines.

A Paris, Lyon ou Marseille, que feront les propriétaires de deux-roues mis en circulation avant 1999 quand ils seront interdits de séjour (sous peine de fortes amendes) à partir du 1er juillet prochain ? Vont-ils reprendre leur voiture moderne et ainsi contribuer davantage aux congestions de trafic, donc aux embouteillages et donc à la pollution ? Vont-ils s’endetter pour acquérir un véhicule neuf dont la fabrication entraine plus de pollution globale que ce que leur vieux deux-roues ne génère de pollution locale ? Vont-ils reprendre des transports en commun déjà saturés aux heures de pointe, transports en commun dont l’accès nécessite souvent, en grande banlieue, l’usage d’un véhicule à moteur pour rejoindre une ligne ou une tête de station ? L’éradication de ces vieux deux-roues à seule fin idéologique et en vertu de principes dogmatiques peut-elle contribuer à faire reculer la pollution atmosphérique en ville ? Allons donc !

Monsieur le ministre, nous vous demandons de reconsidérer la question des ZCR concernant les deux-roues motorisés dont l’usage en ville présente plus d’avantages que d’inconvénients, ne serait-ce qu’en termes de pollution. Nous aimerions voir ça avec vous le plus tôt possible et nous nous tiendrons volontiers à votre disposition pour en parler.

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