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Les voilà donc, ces fameux radars automatiques, destinés selon le gouvernement à améliorer la sécurité routière. Une boîte métallique « blindée et sécurisée à l’aide de mécanismes anti-intrusion et anti-vandalisme », explique le dossier de presse. De chaque côté de la boîte est aménagée une fenêtre pour la sonde de mesure, une autre pour la caméra et une dernière pour le flash. Installée sur un terre-plein central d’autoroute, elle peut ainsi contrôler les deux sens de circulation. Le radar de la N20 est, lui, placé à droite de la chaussée, derrière un pilier de pont et orienté de manière à prendre l’arrière des véhicules dans le sens Paris-Province. Les motards ne seront pas épargnés.

Le dispositif développé par la société SAGEM fonctionne selon le principe Doppler : un radar mesure la vitesse du véhicule et le compare à un seuil. Si le seuil est dépassé, la photo est prise, puis directement envoyée par liaison numérique à un central. L’identification du propriétaire par la plaque d’immatriculation se fait automatiquement et l’amende est envoyée par courrier au titulaire de la carte grise. Le seuil de vitesse a été fixé, sur la N20, à 75 km/h pour une vitesse limitée à 70 km/h. « Les radars automatiques auront une tolérance de 5 % pour les limitations de vitesse supérieures à 100 km/h, et de 5 km/h pour les limitations inférieures à 100 km/ », explique Rémy Heitz. Ainsi, pour 130 km/h sur autoroute, il ne faudra pas dépasser 136,5 km/h, ce qui ne laisse pas beaucoup de marge !
Le système fonctionne de jour comme de nuit, mais on ne connaît ni la cadence maximum de prise de vue (en cas de trafic dense), ni la qualité des clichés en cas de pluie ou de neige. La plaque sera-t-elle lisible dans ces cas-là ? Pour l’instant, mystère.

« Ce n’est pas un piège. L’objectif n’est pas de piéger les usagers puisque la carte d’implantation des radars est dévoilée, expliquait Nicolas Sarkozy. « Il s’agit bien d’un dispositif de sécurité routière. » Dans le principe du contrôle-sanction automatisé, le piège ne se situe pas au niveau du radar mais du principe de consignation, c’est-à-dire que le titulaire de la carte grise doit régler son amende avant de pouvoir protester. La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) a émis un avis favorable au projet, même si elle a recommandé que le titulaire du certificat d’immatriculation du véhicule en infraction puisse avoir accès, dès la réception de l’avis de contravention, à l’ensemble des informations le concernant, y compris le cliché représentant le conducteur. Ce ne sera pas toujours possible, certains radars flashant par l’arrière. Mais, le supposé contrevenant ayant de toutes façons payé avant de contester, il sera difficile pour lui de le faire ensuite, là est la redoutable efficacité du système mis au point.

1 000 radars automatiques fixes seront mis en place d’ici à 2005. Et les gendarmes, que feront-ils s’ils ne sont plus occupés à observer le trafic derrière leurs jumelles ? « Les hommes seront redéployés vers d’autres types de contrôles, comme l’alcoolémie, le port de la ceinture de sécurité ou l’utilisation du téléphone au volant », précise encore Rémy Heitz.

Comme le montre la couverture médiatique de cet « événement », le gouvernement a réussi à focaliser l’attention sur ce qui ne reste qu’un simple dispositif de contrôle. Pendant ce temps, peu de médias évoquent la carence de moyens pour la sécurité routière à l’école, la prévention ou l’aménagement d’infrastructures dangereuses. C’est plus complexe que d’installer une grosse boîte sur le bord de la route.

Nicolas Grumel

Opérationnels dès le vendredi 31 octobre !

Le radar de la N20 fonctionne depuis lundi 27 octobre mais des tests sont effectués jusqu’au vendredi 31 et les premiers PV seront envoyés à partir du samedi 1er novembre 2003. D’autres dispositifs seront opérationnels le même jour sur l’A12 à Bois d’Arcy et à Rocquencourt (Yvelines) et, en province, sur l’A10 à Poitiers, sur une autoroute urbaine lilloise ainsi qu’à Amiens. 70 radars seront installés avant la fin de l¹année. La carte d’implantation de ces dispositifs de contrôle fixes est disponible sur le site Internet de la Sécurité Routière.
Petit conseil, ne pas prêter attention qu’aux seuls radars automatiques fixes. 30 véhicules banalisés équipés en matériel numérique circuleront en France avant la fin de l’année. Quant aux fameuses « jumelles » posées sur des trépieds, très pratiques pour se cacher derrière un buisson ou un panneau de signalisation, les gendarmes ne les abandonneront pas de sitôt, même si priorité sera donné aux contrôles d’alcoolémie. Certaines brigades cacheront peut-être un tel dispositif de contrôle quelques centaines de mètres après le radar automatique fixe signalé par un panneau. Gare, donc, à la remise de gaz intempestive après avoir respecté la limitation..

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