Essai rétro

La CB 750 Seven Fifty est lancée par Honda en 1991, et commercialisée jusqu’en 2003 ne recevant que très peu de modifications. En ce début des années 1990, les constructeurs constatent qu’un grand nombre de motocyclistes souhaitent revenir à des machines plus simples et plus dépouillées.

Honda leur propose alors la 750 Seven Fifty, une « basique » d’apparence sobre et classique, pour ne pas dire classieuse, dont le moteur dérive du CBX 750 F des années 1984 à 1986. Comme son nom l’indique, cette CB fait référence aux années 1970. Un peu plus d’exubérance¬—et un peu moins de bon goût— dans la décoration et les coloris aurait sans doute « boosté » une carrière commerciale qui fut honorable sans plus.

Caractère facile

D’une fiabilité proverbiale la CB 750 Seven Fifty a surtout été critiquée pour son manque de sportivité. En s’installant dans la « Seven » le 750 CBX passe de 90 à 74 ch gagnant en souplesse d’utilisation mais perdant, selon certains essayeurs, de la vivacité. En vérité pour qui n’a pas connu la CBX, la Seven Fifty offre un comportement moteur rond, agréable et coopératif, que l’on souhaite musarder ou s’adonner à une conduite plus sportive. Ce caractère facile a séduit de nombreux grands rouleurs, et la 750 Seven Fifty s’est vite acquise une réputation non usurpée de dévoreuse de kilomètres.

Jamais vicieuse

Selon les pneus utilisés, la CB 750 « Seven » est parfois un peu lourde à remuer moteur coupé, mais dés qu’elle roule la maniabilité surprend, sans pour autant affecter la tenue de route. Si la Seven Fifty d’origine manifeste une tendance à louvoyer en grande courbe et à haute vitesse ( plus de 180 km/h) cela est surtout du à la souplesse des amortisseurs et en particulier de la fourche avant (non réglable) qui sont un compromis en faveur du confort.

Le cadre en acier tubulaire offre une bonne rigidité, mais des ressorts de fourche adaptables plus progressifs apporteront une meilleure précision du guidage sur les routes au revêtement négligé. Cela dit, la Seven Fifty n’est jamais vicieuse et la souplesse du moteur permet de rattraper bien des erreurs. Dévolu à deux disques avant et un arrière le freinage est progressif et suffisant. Les jolis amortisseurs arrières Showa réglables, à bonbonne d’azote, des premières versions n’ont hélas pas été conservés sur les derniers modèles commercialisés.

Confort au guidon

Pour le pilote le confort au guidon est de bon aloi, les « longues pattes » auront toutefois un peu plus de mal pour serrer entre les genoux le réservoir pansu. Comme sur toutes les basiques la pression du vent sur le buste n’incite pas à rouler longtemps au-dessus de 130 km/h. La majorité des utilisateurs de l’époque montaient des pare-brises-moyens, pour les touristes, ou des saute-vent pour les plus sportifs.

Très près des repose-pieds pilote, les jolis, mais imposants, silencieux chromés originels ont tendance à chauffer un peu trop la semelle en été. Très relevés, ils ont nécessité le placement trop haut des repose-pied passager. La position de ce dernier s’en trouve moins confortable que l’aspect cossu de la machine peut le laisser supposer. Guidon, commandes, poignée -passager… L’ergonomie générale est correcte, à la japonaise.

La Seven Fifty en 2014

Souple, maniable, bonne freineuse, facile en ville comme sur la route, elle reste parfaitement en phase avec les conditions de circulation actuelles. Aujourd’hui encore une CB 750 Seven Fifty bien tenue, inspire une sensation d’intemporalité. En terme de facilité d’entretien elle reste d’ailleurs un modèle : l’accès au filtre à air est des plus simple et rapide, le jeu aux soupapes ne se règle pas (rattrapage hydraulique).

Il n’est pas rare d’en trouver en très bon état même si les kilométrages sont souvent élevés. Par contre les silencieux et les collecteurs « 4 en deux » d’échappement peuvent avoir mal vieilli. Trop chers en pièces détachées, ils peuvent avoir été remplacés par des « 4 en 1 » adaptables, à l’esthétique inappropriée.

Une Seven Fifty en très bon état d’origine peut se négocier entre 1500 et 2000 €, un modèle d’aspect correct en bon ordre de marche entre 1000 et 1200 €. Quelques modèles repeints et décorés par le concessionnaire parisien Japauto, à la manière des premières CB 750 Honda de1969, peuvent être un peu plus cotés si, et seulement si, ils sont en parfait état.

Pascal Girardin avec Philippe Pinard

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