L’un des plus anciens fabricants d’équipements moto français encore en activité, Furygan, fête ses 45 ans. Une histoire riche en rebondissements, dont nous avons pris connaissance dans le cadre de notre enquête consacrée à l’évolution de l’équipement du motard, publiée dans le Moto Magazine n°314 de février 2015.

Clash familial
Furygan est né en 1969 des suites d’un gros clash familial : celui de Jacques Ségura opposé à ses deux frères, qui deux ans plus tôt avaient créé une marque de vêtements moto à leur nom. L’ex-militaire passionné de 2-roues, dont le régiment parachutiste avait pour insigne une panthère noire, est reparti furieux de son côté créer sa propre entreprise. Furie, félin prêt à bondir : vous faites le rapprochement avec le nom et le logo ? Encore aujourd’hui, quoique depuis longtemps à la retraite, le fondateur se fait appeler « Monsieur Jacques ». Ambiance.

Au tout début « Furygant » s’écrivait avec un T à la fin, en référence à cet indispensable équipement de protection des mains par lequel passait alors l’essentiel de l’activité. Le renouvellement étant – et restant – assez fréquent à cause de la finesse des peaux utilisées, de la transpiration, de la complexité et de la finesse de l’assemblage… Le modèle Éléphant, lancé à l’hiver 1972, sera ainsi produit à plus de 100.000 exemplaires.

Mais qui dit cuir dit blouson, et le premier du genre est commercialisé en 1970 sous le nom de GTO. 45 ans plus tard, la gamme 2015 en compte pas moins de 47 différents, évidemment déclinés dans plusieurs tailles et coloris !

Évolution technologique
En toute logique, l’histoire de Furygan est jalonnée de progrès techniques : doublure thermique intégrant une fine feuille d’aluminium, soufflets d’aisance, coupe non plus droite mais adaptée à la position de conduite, remplacement des pseudo protections en mousse par des coques auxquelles s’ajoutera ensuite la dorsale, renforts en fibre de Kevlar, doublure étanche…

En 2008, la marque a été l’une des premières du monde de la moto à utiliser les protections D3O, fabriquées à partir d’un matériau polymère révolutionnaire. Lequel possède un état normal très souple mais durcit instantanément sous l’effet d’un choc, dont il absorbe ainsi l’énergie.

En 2010, Furygan a investi dans son propre laboratoire de tests, baptisé Motion Lab, qui lui a permis quatre ans plus tard de proposer une gamme entièrement homologuée EPI (Équipements de protection individuelle).

Le diable est parfois dans les détails. Tout récemment, a été mis au point un procédé de marquage des cuirs par impression. Mine de rien, sur la combinaison d’un pilote bardée de sponsors, la suppression des classiques badges permet de gagner 1 kg ! En 2014, Tito Rabat a été titré champion du monde de Moto2 avec sur la peau un équipement français, ce qui n’était plus arrivé en GP depuis trente ans. Furygan avait investi cet univers dès le milieu des années 1970, en sponsorisant alors des pointures comme Giacomo Agostini ou Steve Baker.

Évolution sociétale
Les champions changent et les clients aussi. « Avant, tous les motards se ressemblaient car ils avaient peu de choix en matière d’équipement. Mais ils avaient surtout un même usage de la moto », explique David Robert, en charge de la communication de la marque. « Aujourd’hui le marché est pluriel et il existe des vêtements pour chaque type de machines, pour chaque usage. »

De surcroît, à l’international, les attentes d’un pays ne sont pas nécessairement celles d’un autre. Les Allemands sont attentifs à la protection contre le froid alors que les Suédois n’achètent paradoxalement que des vêtements d’été, seule saison à laquelle ils peuvent rouler. Les Anglais, eux, veillent à l’étanchéité mais portent les manchettes de leurs gants par dessous leurs manches (!?).

De façon générale, les motards nordiques demeurent plus soucieux de leur sécurité que leurs congénères d’Europe du Sud. En Angleterre ou en Allemagne, l’acheteur d’un blouson en cuir l’associe presque systématiquement au pantalon qui va avec. Tandis qu’en France, on continue depuis le milieu des années 2000 à lui préférer le jean doublé de kevlar.

Reste qu’au Nord comme au Sud, le cuir demeure un produit noble dans lequel on investit pour longtemps. Non seulement parce qu’il dure dans le temps, mais aussi parce que depuis toujours le motard entretient avec cette seconde peau une relation particulière.

Mondialisation
Il n’empêche : environ 60 % des ventes de Furygan se font désormais sur des produits textiles. Gamme dont le renforcement a coïncidé avec l’arrivée en 1995 de David Ségura, fils de Monsieur Jacques, et l’arrêt des vêtements de ski que l’entreprise avait toujours produit en parallèle de ceux dédiés à la moto.

« Reconnaissons que le textile est plus adapté à certains usages comme le tout-terrain, les voyages au long cours, l’exposition à la pluie… », reprend David Robert. « Mais sa montée en puissance a d’abord été favorisée par son moindre coût de fabrication. » Comme tous leurs concurrents, les produits Furygan du genre n’ont ainsi jamais été fabriqués en France mais en Asie, où la marque possède trois sous-traitants.

Aujourd’hui encore, Furygan revendique haut et fort son statut d’entreprise hexagonale. Née à Nîmes (Gard), elle y a connu 3 usines différentes dont la toute dernière emploie 42 personnes. « Plus que 42 » est-on tenté de dire, puisque cela fait malheureusement longtemps que l’assemblage des cuirs a lui aussi fini par être délocalisé en Tunisie, dans une usine qui malgré tout appartient à la marque. Question de coût de la main d’œuvre au sein d’un marché de plus en plus concurrentiel, bien sûr, sachant qu’il faut en moyenne trois heures pour coudre un blouson. Et que nous tous, consomotards, sommes de plus en plus regardant sur nos dépenses…

Malgré tout, vaille que vaille, conception, patronage, préparation et découpe – en grande partie automatisée – des peaux venues d’Amérique du Sud, contrôle qualité et fabrication des combinaisons sur-mesure des pilotes sont toujours assurés à Nîmes. Dans des locaux vastes et modernes où subsiste un vrai savoir-faire doublé d’une culture de la qualité. Le tout motivé par une passion sincère pour la moto.

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Retrouvez notre dossier complet sur l’évolution de l’équipement des motards de 1900 à nos jours dans le n°314 de Moto Magazine (février 2015)

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