Conséquence prévisible, mais dramatique, de la suspension d’obligation de posséder un éthylotest dans son véhicule : le fabricant français de ces ustensiles, Contralco, va supprimer 226 emplois. L’industriel, basé à Gignac (Hérault), avait embauché à tour de bras en anticipant l’application de cette mesure contestée, et en oubliant l’éventualité d’une alternance politique en 2012.

Manifestation.
« Valls, Valls, donne-nous du boulot », « Valls, tu te dégonfles comme un ballon », scandaient les salariés de Contralco, le 5 février devant la préfecture de l’Hérault. Si l’on peut comprendre l’appréhension des 226 intérimaires et autres employés en CDD que le fabricant d’éthylotests Contralco va mettre à la porte, on est en droit de douter de la stratégie adoptée par les dirigeants de l’entreprise.

Précipitation.
Pour embaucher, ces derniers n’ont pas attendu l’application de la mesure qui devait faire leur fortune, à savoir l’obligation pour tous les conducteurs français de posséder un, voire deux éthylotests dans leur véhicule. Créant un marché estimé à 76 millions d’unités… Certes, le décret d’application a été signé le 28 février 2012 par le président de la République d’alors, Nicolas Sarkozy. Mais l’application de la mesure était fixée au 1er juillet 2012, c’est-à-dire après l’élection présidentielle de mai 2012.

Alternance Politique.
Et cela n’a pas loupé, juste avant le 1er juillet, le nouveau ministre de l’Intérieur Manuel Valls reportait l’obligation d’éthylotest au 1er mars 2013, avant de le reculer carrément « sine die », le 24 janvier dernier. C’est dire s’il y avait de quoi douter de cette mesure… L’alternance politique a été fatale au projet de développement de Contralco, produisant des éthylotests qui ne seront sans doute jamais vendus. Les dirigeants brandissent désormais leurs employés comme un bouclier social face à la perspective d’anéantissement d’un projet qu’ils pensaient bien ficelé.

Bon sens.
« On pond une règle qui créé un besoin qui, comme par hasard, peut être assouvi en échange d’euros sonnant et trébuchant », commente France Wolf, membre du bureau national de la FFMC. « Et cette entreprise fait valoir que, pour répondre à ce besoin qui n’existe pas, elle embauche… Les usagers et les associations qui les représentent ont beau comprendre le désarroi des salariés, il était néanmoins nécessaire que nous nous opposions à cette obligation stupide. Dans une moindre mesure, ou plus discrètement, elle se reproduit ailleurs pour les brassards rétro-réfléchissant et les radars pédagogiques… Espérons qu’un peu de bon sens prévale désormais. »

Plutôt que de s’en prendre au ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, les manifestants devraient se retourner contre leurs propres employeurs, qui ont fait preuve d’un coupable optimisme en embauchant à tour de bras.

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