Essai

Krauser avait développé tous les moteurs, y compris un quatre-cylindres 2T pour les sides, et LCR tous les châssis. Des pilotes comme Steve Webster, Alain Michel ou encore Rolf Biland seront champions du monde en side sans interruption de 1989 à 1994, avec des side-cars LCR/Krauser.

L’idée de fabriquer un side de route directement inspiré de la compétition est à mettre au compte de Krauser. La marque allemande assurera la préparation de l’ensemble moteur/transmission, l’habillage, ainsi que le financement et la distribution. LCR développera toute la partie-cycle de type « tout-en-un » (et non pas un side attaché à la moto).
- Au final, ils réaliseront ensemble le formidable Domani, un side qui étonnera par ses caractéristiques techniques et fera rêver tous les passionnés de trois-roues. Mais... il restera inaccessible au commun des mortels : entièrement fait à la main, il est hors de prix.

Le seul Domani en France ?
- Pascal est un passionné de véhicules d’exception. Installé en Bretagne depuis cinq ans, non loin de la pointe du Raz, ce joyeux motard provincial est l’unique et heureux propriétaire d’un Krauser Domani en France (au moins, à notre connaissance…). Il l’a acheté il y a quelques années en Autriche, d’occasion, et mettra pratiquement un an et demi pour obtenir l’homologation. « Lorsque je suis arrivé au service des mines, je ne te dis pas la tête qu’il a fait le fonctionnaire quand il a vu l’engin.
- Il est resté au moins 30 minutes à le regarder, et à la fin, il m’a demandé : c’est quoi ce machin ? » Le Domani de Pascal est un modèle 2000, avec un moteur de BMW K 1200 RS et une boîte (plus longue) de K 1100 LT.

En fait, il a fini par obtenir l’homologation il n’y a pas si longtemps et, chose étrange, malgré ses 33 précédentes motos (voir encadré), c’est son premier side-car. « Je n’avais aucune référence, et j’ai appris tout seul à le conduire. Au début, c’était un peu bizarre, mais je m’y suis fait assez vite, et après deux jours de conduite, je suis parti au Mans avec ma copine voir la manche française du championnat side-cars. C’était super ! » Le side affiche déjà plus de 40 000 km, et sa partie habillage montre des petites traces d’usure.
- Une rénovation totale de l’engin est prévue, et pour le moment, comme Pascal ne possède aucune pièce de rechange ni de manuel technique, il est hors de question de déshabiller le Domani pour faire des photos de détails internes. Peu importe, l’important est de tester l’engin et d’en tirer des sensations. Même si, pour tout vous dire, on n’osera jamais attaquer vu son prix et sa rareté…

Vif, ludique, mais pas au point.
- Pascal, lui, ne se gêne pas pour faire déraper son bolide, avec demi-tours sur le frein, levers de panier, etc. C’est clair, pour lui c’est un jouet et quoi qu’il en dise, il fait preuve d’une excellente maîtrise. Lorsqu’on prend à son tour les commandes, on est calé à l’intérieur de la coque dans une position proche d’une BMW RS des années 70.
- Le guidon est très petit et l’on se demande d’emblée comment faire tourner le gros pneu avant du side. Pourtant, une fois en route et passé les 30 km/h, tout devient facile, voire simplissime. Le quatre-cylindres BMW pousse fort, et l’on se rend vite compte que la démultiplication est parfaitement étudiée. La roue arrière de 15 pouces, associée à un pneu taille basse de 195/60, tracte comme il faut (au moins sur le sec), et le side repart bien après chaque virage.
- À noter que le bruit de l’échappement, coincé sous la caisse du side, résonne superbement au-delà des 4 000 tr/min. Mais à ce régime, les vibrations commencent à devenir gênantes…

Assez stable, l’ensemble fait preuve d’une bonne tenue de route et permet d’entrer dans les virages avec aisance. Dans les ronds-points ou dans les enchaînements serrés, par exemple, c’est un vrai régal à conduire. En plus, pas sûr qu’une moto puisse suivre la cadence.
- Par ailleurs, contrairement aux apparences, le Domani est un side assez confortable et, très important pour un panier de route, il ne lève pratiquement pas dans les virages à droite. Ce n’est que dans les virages à gauche qu’il faut exercer un peu plus d’effort au guidon. Avec son cadre très rigide, son poids contenu (l’ensemble pèse seulement 390 kg) et son grand coffre arrière, le Domani apparaît comme un bon compromis pour un usage sport-tourisme.
- L’avant, en revanche, certainement à cause d’un amortisseur réglé trop souple, devient un peu flou avec les imperfections de la route. Le freinage (3 disques sont actionnés par la pédale et un, à l’avant, par le levier) n’est pas vraiment à la hauteur des performances, mais là encore il s’agit certainement d’un circuit qu’il faut réviser.
- Quant à la consommation, elle tourne autour de 8 litres en usage normal.

Un aimant à regards.
- Posséder un side comme le Domani, vendu aujourd’hui encore à plus de 50 000 € (mais la production devrait prendre fin cette année), c’est l’assurance de ne pas en trouver un autre à chaque coin de rue. C’est le plaisir aussi du « bel objet »… Mais il y a une chose qu’il faut savoir : à chaque arrêt, cet engin hors norme attire les regards comme un aimant !
- Son look est comparable à celui d’une voiture de prestige telle une Lamborghini ou une Lotus, avec, en prime, une roue en moins. Pendant ces deux jours passés avec Pascal et son Domani, un nombre incalculable de personnes de tous âges ont approché, caressé ou photographié le side. Conçu il y a plus de vingt ans, le Domani reste une curiosité....

Merci à Pascal Courtade pour le prêt de son side.

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