Essai

En images

Modèle polyvalent ayant séduit nombre de motards, la Kawasaki ER-6f a connu un confortable succès commercial. Après plus de dix années de bons et loyaux services, ce best-seller a été totalement remanié et porte, depuis trois ans, le nom de Ninja 650. Un choix étonnant du marketing ; dans l’imaginaire collectif, une Ninja incarne l’hypersportivité. Avec ses 68 chevaux, sa fourche non inversée, son faux demi-guidon surélevé et ses repose-pieds hérités de sa cousine Z 650, cette moto n’est pas vraiment l’archétype de la « sportivité ». Néanmoins, cette cylindrée représente un chaînon essentiel dans l’offre Kawasaki et cette Ninja 650 permet aux nouveaux permis A2 d’acquérir une moto au look de sportive, sans leur imposer les contraintes propres à la catégorie ! En détaillant cette Ninja 650, le doute n’est pas permis : il s’agit bien d’une Kawasaki ! Ses lignes tendues rappellent celles des grandes sœurs de la gamme ZX. Son nez trapu et son regard full leds évoquent aussi l’univers du constructeur.

Porte d’entrée
Cette prise de contact est aussi l’occasion de se prêter au jeu des - quelques - différences avec la Ninja 2017. Au-delà des améliorations esthétiques, ce millésime reçoit donc des leds avant et arrière, des pneus Dunlop Sportmax Roadsport 2 et un bel écran TFT de 4,3 pouces offrant toutes les informations nécessaires, excepté la température extérieure.
Privilégiant un design désormais plus sportif, la bulle redessinée est plus basse et mieux intégrée au carénage. Pour le reste, cadre et moteur ne changent pas : le bicylindre (Euro 4) cube toujours 649 cm3 et développe 68 chevaux à 8 000 tr/min. Seul son couple est légèrement réduit à 6,53 m.kg à 6 700 tr/min (au lieu de 6,63 précédemment). Des chiffres qui ne donnent pas le tournis mais sont largement suffisants en entrée de gamme.

En selle
Contact. Pression sur le démarreur, le twin se met gentiment en mouvement dans une sonorité assez feutrée qui ne devrait pas attirer les foudres du voisinage. L’ergonomie de cette Ninja 650 surprend toujours, principalement en raison de son guidon assez surélevé. Le buste reste droit et les poignets ne sont pas en contrainte. Un choix assumé du constructeur pour offrir une accessibilité au plus grand nombre. La faible hauteur de selle garantit aussi un accès aisé à tous (les plus grand devront toutefois replier fortement les jambes) et un contrôle total lors de manœuvres, même à l’arrêt… La douceur des commandes se fait immédiatement remarquer. Basé sur la technologie employée en course, l’embrayage « Assist & Slipper » fait merveille. Il diminue l’effet négatif du frein moteur et permet une manipulation simple du levier d’embrayage, même pour les plus petites mains.

Une moto clémente
Facile d’utilisation, cette petite Ninja montre une docilité extrême et pardonne les petites erreurs du quotidien. Dès les premiers tours de roue, on profite de son centre de gravité particulièrement bas. Malgré les 193 kilos, le maniement reste facile. Après quelques kilomètres en ville en toute confiance, le rythme s’accélère en quittant l’environnement urbain. Le moteur volontaire ne rechigne pas à la tâche à condition d’éviter les sous-régimes au profit de la plage située entre 3 000 et 8 000 tr/min. En dessous, les vibrations et les cognements se feront allègrement ressentir. Au-delà, le twin s’essouffle rapidement.

Compagne de balade
Ce rythme plus soutenu permet aussi de mettre à l’épreuve la partie-cycle. Appréciables en mode balade du dimanche, les réglages en compression et en détente des suspensions pénalisent l’agilité de la machine à allure plus élevée. Sur les changements d’angle rapides, la Ninja est un peu trop pataude et aucun réglage n’est possible sur la fourche pour en atténuer les effets. Si les suspensions expriment vite leurs limites, le freinage,se montre à la hauteur. L’attaque au levier droit est progressive et les deux disques avant garantissent maîtrise et feeling aux motard(e)s débutant(e)s, tout en offrant une puissance bienvenue en cas d’urgence. À l’arrière, le simple disque à pétales fait le job correctement. Son dosage implique une bonne sensibilité du pied droit sous peine de déclencher l’ABS intempestivement.

Machine du quotidien
Ces enseignements acquis, il est à présent temps de se mettre dans la peau d’un « jeune permis » et d’opter pour une allure plus raisonnable. Dans ces conditions, la Ninja 650 révèle tout son potentiel. Les petites routes de campagne constituent son terrain de jeu favori. Son excellent équilibre et son couple généreux permettent d’enrouler les virages de façon très décontractée. À ce rythme plus modéré, le travail des suspensions se montre d’une aide précieuse pour avaler les déformations du bitume sans mettre les lombaires en péril. Cette souplesse, conjuguée à une assise relativement confortable, constitue un véritable atout pour la balade tranquille.
Autre bonne nouvelle, votre passager en bénéficiera aussi. Pour le contenter, la selle a été rallongée de 5 mm et sa mousse épaissie de 10 mm sur les côtés… Hélas, les poignées sont toujours absentes !
Si le confort général est satisfaisant, la Ninja 650 pèche encore au quotidien à cause de sa protection. Malgré une bulle redessinée et plus droite, ce bouclier manque d’efficacité. Peu contraignant sur petites routes, ce défaut de protection est gênant sur voie rapide où, vous subirez, par ailleurs, les nombreuses vibrations du bloc moteur transmises dans la selle.

Le verdict
Derrière ces lignes encore plus sportives, la nouvelle Ninja 650 (2020) cache donc un peu mieux son jeu. Malgré une augmentation de 300 € par rapport à sa devancière et une protection encore perfectible, elle reste l’une des petites routières les plus accessibles et les plus conciliantes actuellement. Ceux qui cherchent une véritable sportive pour s’initier au circuit pourront néanmoins se tourner vers sa petite sœur, la Ninja 400, plus légère, et vendue 1 500 € de moins. Enfin, les voyageurs en herbe n’hésiteront pas non plus à essayer la version trail : la Versys 650, nettement plus confortable.

Texte : Julien Lahaye & François Barrois

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Fiche technique

Kawasaki Ninja 650 - Fiche technique (données constructeur)
Moteur
- Type : bicylindre en ligne à refroidissement liquide, 4T, 4 soupapes par cylindre
- Cylindrée (al. x cse) : 649 cm3 (83 x 60 mm)
- Puissance maxi : 68 ch (50,2 kW) à 8 000 tr/min
- Couple maxi : 6,5 m.kg (64 N.m) à 6 700 tr/min
- Alim. /dépollution : injection Ø 36 mm/Euro 4
Transmission
- Boîte de vitesses à 6 rapports
- Transmission finale par chaîne
Partie-cycle
- Frein Av (étrier à x pist.) : 2 disques, Ø 300 mm (2 juxt.)
- Frein Ar (étrier à x pist.) : 1 disque, Ø 220 mm (1)
- Pneu Av - Pneu Ar : 110/70/17 - 160/60/17
- Réservoir (réserve) : 15 litres (n. c.)
- Poids annoncé : 193 kg en ordre de marche
- Hauteur de selle : 790 mm
Pratique
- Coloris : noir, blanc, vert « KRT » (+ 150 €)
- Garantie : 2 ans pièces et M.O., assistance
- Prix : à partir de 7799 €

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