Lors d’une conférence de presse organisée au siège de Ducati France ce 16 juillet, le directeur de Ducati West Europe, Thierry Mouterde, a dévoilé fièrement les deux premières cartes grises françaises d’une moto en puissance libre. Cette machine, c’est la Multistrada 1200 DVT sortie cette année, qui développe 160 chevaux. Et elle peut d’ores et déjà rouler légalement sur les routes de France.

Pourquoi ces deux exemples ? Parce que l’une a été immatriculée directement en version européenne (« full ») et l’autre a été réimmatriculée en full après avoir été immatriculée une première fois en version française.

Euro 4
Un bon coup marketing pour la firme de Bologne qui a été rendu possible du fait de la conformité de la machine aux normes écologiques européennes Euro 4. De toutes les motos existantes sur le marché actuel, seule cette Multistrada répond à ces exigences environnementales. Les Moto Guzzi Eldorado et Audace sont également Euro 4, mais n’atteignent pas les 100 chevaux.

Que les 400 propriétaires de Mutlistrada DVT 2015 se rassurent : Ducati a annoncé qu’il prendrait en charge le passage en full, comprenant les modifications de la plaque constructeur, de la cartographie et de la carte grise, ce qui représente une économie d’environ 350 €. Ils ont d’ailleurs déjà été prévenus par courrier.

Le retrofit, un faux débat ?

Si la libération de la puissance des motos est déjà acquise pour le 1er janvier 2016, la grande question du moment est de savoir si les machines bridées à 106 chevaux vendues en ce moment pourront repasser en full en 2016, c’est ce que l’on appelle le retrofit.

Pour Ducati et le CNPA, le problème du retrofit de ne se pose même pas. Les juristes de la marque ont étudié le règlement n°169/2013 du Parlement Européen. Selon eux, toutes les motos aux normes Euro 3, neuves ou d’occasion, pourront passer en puissance libre.

À partir du 1er janvier 2016, Ducati demandera à l’Union technique de l’automobile, du motocycle et du cycle (UTAC), le Code National d’Identification du Type (CNIT) qui permettra l’homologation des véhicules en version européenne de ses modèles faisant plus de 100 chevaux. Une fois que le fabricant obtiendra ce certificat pour un modèle, toutes les autres machines du même type pourront repasser en version européenne.

Débridage, comment faire ?

Les propriétaires de Ducati (Euro 3) pourront donc se rendre chez leur concessionnaire pour transformer leur machine en version européenne. Le constructeur, via le concessionnaire, leur remettra un certificat de mise en conformité européenne. Il suffira enfin de modifier sa carte grise en préfecture, sans changement de numéro de plaque.

Attention, les concessionnaires seront autorisés à remettre cette attestation à la condition que le véhicule soit entièrement en configuration d’origine (ou alors que l’équipement monté soit homologué CE). Ducati vérifiera, photos à l’appui, la bonne configuration des véhicules.

Toujours selon la firme, pas de changement de type de carte grise, la nouvelle carte grise impliquerait le paiement d’un forfait de 1 cheval fiscal, coût unitaire de la taxe régionale ainsi que les frais d’envoi. Par exemple pour les Multistrada DVT, la marque déclare avoir payé la somme de 52,50 € à la préfecture de Nanterre.

Pas de plan sur la comète
Ducati a tiré ses propres conclusions, d’après sa lecture de ce fameux règlement 169/2013. Ces éléments sont donc à vérifier au moment de passer à l’acte.

La Chambre Syndicale Internationale de l’Automobile et du Motocycle (CSIAM) a soumis cette version au Parlement Européen afin d’être sûre que les instances soient sur la même longueur d’onde. D’après M. Mouterde, Bruxelles devrait répondre « très rapidement ».

Côté administration française, le ministère de l’Intérieur et la Délégation Interministérielle à la Sécurité et Circulation Routières (DSCR) ne donnent toujours aucune réponse précise. Le dossier du retrofit reste en suspens.

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