Dans une interview à Motomag.com, le délégué général de la Fédération Française des Motards en Colère (FFMC), Nathanaël Gagnaire, démonte les arguments avancés par Emmanuel Barbe, délégué interministériel de la Sécurité Routière, qui était présent sur le contrôle routier le 7 avril à Paris, organisé par la préfecture de Police.

Concernant 83 véhicules arrêtés ce jeudi-là, porte de Vincennes à Paris, la plupart des 25 contraventions rédigées a porté sur de menus défauts techniques : un clignotant, une plaque d’immatriculation mal inclinés, souvent à la grande surprise des propriétaires. Un motif valable pour instaurer un contrôle technique ? La Sécurité routière voudrait le faire croire.

D’après Emmanuel Barbe, « les motards peuvent rouler avec des pneus lisses, un feu stop défectueux, sans clignotants ou sans rétroviseurs ». Selon lui, le contrôle technique est une mesure de sécurité routière. Es-tu d’accord ?

Venant d’un représentant de la force publique, de tels propos sont, sinon choquants, tout du moins étonnants ! Ce n’est pas à la FFMC de rappeler au délégué interministériel à la Sécurité routière qu’il existe déjà des textes réglementaires permettant de sanctionner les usagers circulant sur un véhicule ne répondant pas à certaines caractéristiques élémentaires de sécurité. Un contrôle technique, qui plus est à la revente, ne règlera en aucune manière un problème de comportement.

M. Barbe indique que « c’est justement parce que j’aime les motards que je les préfère vivants ». Prend-il les bonnes décisions pour qu’ils restent vivants ? Peux-tu citer trois mesures que la FFMC appliquerait immédiatement pour que les motards restent vivants ?

La proposition de M. Barbe n’apportera comme unique bénéfice que l’augmentation du chiffre d’affaire des gros centres de contrôle technique. Prétendre qu’elle permettra de sauver la vie des motards relève du mensonge. Nous l’avons démontré à de nombreuses reprises en produisant des études scientifiques allant à l’encontre de ce qu’il avance comme une solution.

- Première mesure, la FFMC attend que le ministère de l’Intérieur œuvre à la prise en compte positive des deux et trois-roues motorisés dans les Plans de déplacements urbains (PDU) des grandes agglomérations françaises, ce qui n’est pas le cas.

- Deuxième mesure : inciter les entreprises, stations-services et collectivités à s’équiper d’appareils de gonflage des pneus en libre-service, afin de permettre à tous les véhicules de rouler avec la bonne pression.

- Troisième mesure : si l’État veut contrôler, qu’il le fasse sur les infrastructures routières hors normes, comme les ralentisseurs surdimensionnés ou les bacs à fleurs en béton qui hantent nos routes ! Il existe un guide de bonnes pratiques produit par un service de l’Etat, le Cerema, qui énonce des préconisations destinées à favoriser la sécurité des deux-roues, rarement appliquées par les collectivités locales.

En marge de ces propositions, rappelons qu’avec une baisse du nombre de morts en 2015 les motards sont les bons élèves de la sécurité routière.

Le contrôle technique des 2-roues peut-il être une solution contre les émissions sonores trop fortes des motos et scooters ?

Pas du tout. Techniquement, les contrôles sonores réellement révélateurs doivent être réalisés dans un environnement insonorisé, sans quoi le contrôle n’a aucune valeur. Ce n’est que rarement le cas de ceux effectués par les forces de l’ordre dans la rue. La Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC) est catégorique sur ce point.

S’il s’agit de vérifier les émissions sonores des motos et scooters, les centres de contrôle devront s’équiper d’une pièce insonorisée spécifique pour réaliser ces mesures… Inconcevable, économiquement parlant !

Là encore, le contrôle technique à la revente n’aura pas grand intérêt, surtout quand on connaît la facilité de démontage d’un pot d’échappement sur un 2-roues. Des dispositions existantes permettent déjà de sanctionner ceux qui circulent avec un équipement non homologué. La FFMC rappelle par ailleurs qu’elle milite pour un usage responsable et respectueux du 2RM et s’est déjà engagé à plusieurs reprises contre les nuisances sonores.

La FFMC se mobilise contre le contrôle technique voulu par la Sécurité Routière

- Vous voulez exprimer votre colère ? Rejoignez l’un des cortèges du 16&17 avril !

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- La FFMC vous défend, soutenez-la en portant le tee-shirt anti-contrôle technique !

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