Nombre de conducteurs de voiture ont d’ailleurs recours à un 2-roues de 125 cm3 afin de gagner du temps dans les bouchons, sous-entendu en ayant recours à cette pratique. Une profession s’est même développée sur le principe de la circulation interfiles, celle de moto-taxi. Le délai de trajet entre le centre-ville et les aéroports est considérablement réduit en 2RM par rapport à la voiture.

Peu d’accidents.
Ce que les pouvoirs publics ont constaté en se penchant sur le sujet en début d’année, c’est que, contrairement à une idée reçue, la pratique était peu génératrice d’accidents. Le nombre de décès de motards sur le périphérique parisien, par exemple, est bien moindre qu’en milieu rural, où les conducteurs risquent la sortie de route.

L’exemple belge.
Certains de nos voisins comme la Belgique, les Pays-Bas, et l’Autriche, ont reconnu officiellement cette pratique, depuis des mois voire des années, et la légalisation n’est pas remise en cause. « La remontée de files ne peut plus être qu’une simple tolérance dans nos villes où le parc des deux-roues ne cesse de croître », souligne la FFMC.

Enjeu formation.
Ce qui est en jeu, expliquent les Motards en Colère, c’est l’enseignement : une fois la remontée de file ainsi reconnue, les écoles de conduite pourront enseigner la remontée de file. Que ce soit pour les apprentis conducteurs de motos et de 125 cm3, mais aussi de voitures. Car, le risque le plus important est généré par la surprise qu’a le conducteur d’un véhicule carrossé ayant dans l’idée de déboîter.

Légalisation en vue.
Selon nos informations, le rapport du préfet Régis Guyot irait dans le sens d’une légalisation de la remontée de file. Elle s’accompagnera de plusieurs contraintes :

  • uniquement sur les voies rapides urbaines, et pas en ville où la pratique génère plus de situations à risque ;
  • un différentiel entre moto et autos ne dépassant pas 20 km/h, jusqu’à atteindre la limitation de vitesse sur l’artère en question ;
  • circulation autorisée entre les deux files les plus à gauche de la chaussée ; la solution de création d’une voie spécifique pour les 2roues ne sera pas retenue.
  • respect du code de la route. Cela implique, par exemple, d’utiliser le clignotant uniquement pour signaler un changement de file ; de ne pas rouler avec les warnings, ni en feux de route, ce qui est interdit de jour comme de nuit en ville.

Enjeu équipement.
L’idée d’associer la légalisation à l’obligation du port d’un équipement de sécurité à moto a été évoquée par la commission de travail Guyot. D’après nos informations, cette éventualité sera finalement dissociée de la question de l’interfile. Le préfet en rédigera un second, qui sera présenté par la suite au ministre de l’Intérieur. Car cette question pose de nombreux problèmes : quel équipement rendre obligatoire ? L’airbag moto ? Trop coûteux et pas forcément au point… Il est difficile de concilier liberté de circulation, contraintes économiques et port d’un équipement complet de sécurité. Pour autant, le gouvernement pourrait rendre obligatoire le recours à des gants de moto.


Indices.

« Très au fait des décisions gouvernementales, Axa vient de distribuer gratuitement 5.000 paires de gants aux motards durant une opération de communication à Paris », justifie un spécialiste du dossier. « Il y a quelques mois, le même assureur avait distribué gratuitement des gilets rétro-réfléchissants. A l’époque, il était dans l’air du temps de rendre son port obligatoire à moto… »

Perspective : début 2013.
Dans un premier temps, le gouvernement doit se prononcer sur la légalisation de la circulation interfiles. Manuel Valls a le rapport Guyot sur son bureau. La commission 2-roues du Conseil national de sécurité routière (CNSR) reformé récemment, va sans doute donner un avis sur ce rapport. Après cette large consultation, le ministre prendra la décision de légaliser ou non, en début d’année 2013. Pendant ce temps, les motards continueront de remonter les files au quotidien…

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