Pour motomag.com, Alain Michel au micro de Francis
FB : Alain, tu as été champion du monde en 90, parle-nous de ta reconversion.
AM : C’est toujours le même motif qui vous ramène à vos premiers amours. Après une longue carrière sportive de haut niveau j’avais envie de vivre une autre vie dans un autre domaine ou je devrais refaire mes preuves et ma place.
De la restauration et chambres d’hôtes en passant par trois années au Mali, puis un retour en France pour faire ma nouvelle vie sur un bateau, je me suis aperçu pendant ces dix années que ma vraie passion était celle des sports mécaniques et de la technique de pointe, que ce soit pour les motos d’enduro de vitesse ou tourisme, les modernes ou les anciennes, et que les gens que je comprenais le mieux étaient ceux qui vivaient cette passion.
FB : Peux-tu nous raconter tes débuts ?
AM : J’avais depuis mes premiers pas en compétition été charmé par une machine que pilotait Claude Vigreux, la Rickman Metisse G50.
À ce moment-là, mes moyens ne me permettaient pas de courir sur ce type de monture, et c’est sur un CB 450 Honda que j’ai commencé, avec à a clé quelques victoires en coupe des quatre saisons et une 1re place au final. S’ajoutèrent également quelques belles places en championnat de France 500 et pour finir, une seconde place derrière mon ami Jean François Balde.
Le décor était planté, je ferais de la compétition et je serais un jour champion du monde. Banal, non ? La suite, quelques-uns la connaissent...
FB : C’est vrai qu’on connait bien le Alain Michel pilote de side-car, mais moins bien ta passion pour la préparation et la mise au point de moto de route et de course. Aujourd’hui tu remets « les mains dans le cambouis ».
AM : Ce désir de rouler avec une Rickman Metisse ne m’avait pas quitté, et lors d’une visite sur Internet, je regardais les machines de course à vendre lorsque je suis tombé sur une Rickman, en super état. Ni une ni deux, c’était parti, et une semaine plus tard, la machine était à la maison. Comme par hasard, le CB 450 ne mit pas plus longtemps pour rejoindre son cadre.
Une année de travail pour réaliser cette machine : partie-cycle allégée, disques, moyeux, platines de fixation moteur pour adapter le Honda qui remplaçait le T120 Triumph.
La préparation moteur était top, si bien que celui-ci était mieux que le moteur standard de mes débuts. Mis en 500 avec soupapes, bielles racing, arbres à cames US, gros carbus, allumage programmable et développé au banc comme si c’était pour attaquer le championnat du monde... La passion comme on aime la vivre.
Restaurer des machines anciennes est devenu un réel plaisir, et les mordus conscients de la somme de travail et de la passion nécessaires pour obtenir ces résultats apprécient mon investissement.
Une nouvelle Rickman CR 750 est en cours de restauration pour un ami.
Elle verra le jour cet été et accompagnera la 450 Rickman pour les Classic 2011.
FB : Aujourd’hui tu ne t’occupes pas seulement de motos anciennes ?
AM : Ma deuxième passion y est liée : les motos modernes, de route et de course.
Depuis des années, je suis les évolutions techniques de la moto, et pouvoir régler des machines avec un ordinateur est un nouveau challenge pour moi.
J’ai investi dans du matériel de pointe pour travailler sur les cartographies, l’allumage et l’injection. J’ai un banc Rotronics freiné avec un système de ventilation haute vitesse Air Speed 300 km /h pour avoir la simulation exacte d’un essai sur piste, et les résultats sont plutôt satisfaisants pour une première.
Mes choix techniques sont appréciés, les évolutions sont permanentes.
J’ai des partenaires techniques réputés comme Devil, où je retrouve Jean-louis Millet comme responsable développement, et Rapid Bike, qui ont des produits de pointe avec des voies de développement très intéressantes.
FB : En 2010, tu te lances dans un nouvelle aventure en participant au développement d’une moto du Championnat de France Superbike.
AM : Mon attirance vers le Superbike et le side est évidente. Les mêmes moteurs avec des règlements similaires vont dans le sens de l’économie bien sûr, et Rapid Bike offre de grandes possibilités pour préparer des moteurs à moindre coût.
Après réglage de la cartographie, quelques menus travaux sur le moteur, c’est un gain immédiat d’une quinzaine de chevaux pour un 1000 cm3.
Mes choix techniques vont de pair avec des produits fiables, un service technique sur mesure et des compétences que ces années de compétitions de haut niveau n’ont cessé de faire progresser.
Je travaille depuis le début de la saison sur la Kawasaki 1000 ZX 10 R de Frédéric Chabosseau (Super Bike Toulon), et nous avons une machine dans le coup qui a une bonne accélération et une bonne vitesse de pointe.
Cette année, Fred découvre ce championnat, qui est plutôt relevé, et marque des points régulièrement, ce qui est bien pour commencer.
Il a besoin de rouler, son potentiel est bon, il améliore en permanence et il apprécie les conseils qu’on lui donne, il faut une grande motivation pour progresser.
Une petite équipe très sympa l’entoure et se défonce pour lui permettre de faire ce résultat. Naturellement je fais mon possible pour apporter mon expérience.
FB : Merci Alain pour tes réponses, qui sentent bon l’huile chaude de la passion...