Baisse généralisée

À y regarder de plus près, la baisse est générale, mais beaucoup plus marquée chez les automobilistes que chez les usagers de la route qualifiés de vulnérables, c’est-à-dire dépourvus de carrosserie protectrice.

Entre 2012 et 2013, le nombre de tués varie de :

• -14 % chez les automobilistes,
• -8% chez les cyclistes,
• -7% chez les piétons,
• -3 % chez les conducteurs de motos et scooters.
  
  

Place Beauvau, on avance plusieurs facteurs d’explication à cette nouvelle année de baisse : « La prise de conscience et le sens des responsabilités accrus des conducteurs, la présence massive des forces de l’ordre, la crise qui pousse les conducteurs à rouler moins et moins vite et les conditions météo peu clémentes. »

Radars invisibles

Selon Claude Got, membre du comité des experts du Conseil national de la sécurité routière (CNSR), connu pour ses positions intransigeantes sur la question et sa préférence pour le tout répressif : « La seule explication sérieuse, c’est la mise en œuvre en 2013 des radars mobiles nouvelle génération, ceux qui flashent quand on les dépasse ou qu’on les croise. »

Vulnérabilité

D’autres défrichent des terrains moins convenus. « Le facteur principal de la mortalité routière est la vulnérabilité des victimes d’accidents : on meurt plus à pied, à vélo et à moto qu’attaché dans un véhicule carrossé », constate la Fédération française des motards en colère (FFMC).

Surenchère sécuritaire

« Ce bilan 2013 de la sécurité routière confirme ce que nous répétons depuis trois décennies, poursuit la FFMC. La surenchère sécuritaire et réglementaire mise en œuvre depuis maintenant une quinzaine d’année n’est pas l’unique solution à long terme. »

Stagnation du nombre de radars

Elle ne devrait pas s’arrêter de si tôt, pourtant. Manuel Valls a expliqué que le nombre de radars augmentera peu en 2014 : une centaine d’appareils supplémentaires seront installés, pour porter leur nombre total à environ 4.300 en France.

Pour autant, les conducteurs n’en n’ont pas fini avec la répression : les cabines installées depuis dix ans vont être remplacées par des radars plus modernes. Il y aura plus de radars mobiles embarqués dans des véhicules banalisés, plus de radars tronçon, plus de radars de chantier...

Tiroir caisse ?

« L’objectif n’est pas de faire augmenter les recettes du contrôle routier mais bien de sauver des vies », a rappelé le ministre de l’Intérieur. Comme ses prédécesseurs depuis 2003... C’est que l’objectif reste invariable, forcément, puisqu’il est fixé par l’Europe : « La France doit arriver à moins de 2.000 morts sur les routes en 2020 », poursuivait Manuel Valls.

80 km/h sur les départementales
Pour descendre plus bas encore, le ministre est prêt à explorer une nouvelle voie, la baisse de la limitation de vitesse. Passer de 90 à 80 km/h devrait être une réalité en 2014. Mais pas tout de suite : face à l’impopularité de la mesure, le ministre, comme le Conseil national de la sécurité routière (CNSR), préparent le terrain lentement, rapports à l’appui. En attendant les échéances électorales...

Conseil interministériel avant l’été

Le ministre de l’Intérieur a expliqué qu’un conseil interministériel de sécurité routière (CISR) se réunirait « avant l’été ». C’est-à-dire après les municipales et les européennes. Pour ne pas froisser un peu plus encore les Français en cette période stratégique. Mais après...

Infrastructures et partage de la route

En attendant, loin de la politique, certaines associations d’usagers préconisent d’explorer d’autres voies que la répression des excès de vitesse.

« Pour des routes encore plus sûres, il faudra travailler d’avantage sur la conception d’infrastructures routières adaptées aux usagers vulnérables, à la prévention des accidents et à la formation à un vrai partage de la route, avec des usagers convaincus et non contraints par d’éternelles menaces de punition », poursuit la FFMC.

L’association des Motards en colère, et citoyens, rappelle ses propositions pour l’amélioration de la sécurité des cyclomotoristes, scootéristes et motocyclistes dans son « Manifeste pour une meilleure sécurité routière des deux-roues motorisés ».