Dans un rayon de 30 km autour de Prades, pas moins de cinq villages sont classés parmi les plus beaux de France, sans oublier ceux qui, sans blason, séduisent par une simplicité au charme fou. La région est aussi un endroit propice à la contemplation, de nombreuses abbayes et églises ornant les pics rocheux ou les centres des bourgades. Plus au nord, il y a les châteaux cathares, vers l’ouest l’Ariège et ses patoisants, au sud les champs de fruits et les vignes qui égayent les paysages de leurs couleurs…

Au milieu de toutes ces richesses, les routes relient les vallées et les habitations. Elles sont souvent étroites, parfois très sinueuses et toujours belles pour une balade à moto. Partons pour cet itinéraire de découverte sans aucun fil conducteur !

Sous les pentes nord du Canigou
Au sud-ouest de la ville, la petite D27 donne déjà un aperçu des routes : étroites, elles grimpent et descendent tout en s’accrochant à la montagne ! La raison incite à tenir une moyenne basse ; pour profiter du paysage ou visiter villages et monastères, mais aussi pour raison de sécurité.

L’abbaye de Saint-Michel-de-Cuxa est pratiquement à la sortie de la ville. Son cloître vaut à lui seul la visite. Plus loin, Fillols est un petit village où il fait bon vivre et où a lieu une fête monumentale à la fin du mois d’août. Cette coutume remonte à l’époque où les mines de fer faisaient vivre de nombreuses personnes par ici.
Le chanteur Cali, originaire du coin, y a consacré une chanson. Guy Carol, quant à lui, en a fait un livre (« La fête de Fillols, chronique d’une fête atypique », Éditions de Mireille, 2008). Maguy, la patronne du bistrot, cuisine très bien… Plus loin, à environ 5 km, la station thermale de Vernet-les-Bains compte moult hôtels et restaurants, mais c’est surtout le vieux village qui retient l’attention, ainsi que la petite place centrale. C’est de là que part (et s’achève) une course à pied prestigieuse qui mène les concurrents jusqu’au pic du Canigou. Créée en 1905 par le Club alpin, elle célèbre les hommes courageux qui allaient chercher des blocs de glace au sommet du pic pour les rapporter (en courant) dans les hôtels du village.

De Vernet à Jujol
De Vernet, deux excursions méritent le détour, l’une vers le col de Jou, l’autre jusqu’au village de Mantet. Le premier itinéraire passe par Casteil, avec visite de l’abbaye de St-Martin (15 minutes à pied). Le deuxième traverse les villages de Sahorre et de Py pour monter ensuite au col de Mantet. Le village éponyme, complètement isolé dans la montagne, est en réalité un petit hameau d’une vingtaine d’habitants. La route qui y monte est magnifique.

Au retour de l’une comme de l’autre, Villefranche-de-Conflent est une étape obligée. C’est le premier village classé parmi les plus beaux de France de notre balade et aussi un site à l’histoire remarquable. Les remparts qui entourent la ville, les immenses portes, les ruelles étroites ou encore l’église romane de St-Jacques font partie des principaux centres d’intérêt de cette cité médiévale.

Un autre est à découvrir non loin, Évol, en remontant la N116 qui mène en Andorre, et en prenant à hauteur d’Olette la D4 : village en espalier, toitures en lauzes dont la taille était une des spécialités des habitants ou encore la petite église de St-André, bijou de construction locale classé monument historique, tout concourt à vous envoûter. On complétera par la visite de Jujol, autre perle de la région à une dizaine de kilomètres d’Évol.

Du Mont-Louis à Axat
Du Mont-Louis aux Gorges de Galamus D’Évol, on grimpe au Mont-Louis soit par la belle N116, soit par les petites D4b et D4c. On est à presque 1700 mètres et donc en montagne – prévoir des vêtements plus chauds et se renseigner sur la météo. On est toujours dans le parc naturel des Pyrénées catalanes.

Partir ensuite, direction nord, par la D118 pendant environ une trentaine de kilomètres, jusqu’au village d’Escouloubre, puis descendre vers Axat. Mais avant, une montée vers le Port de Pailhères est presque une obligation, car ce col est sans doute l’un des plus beaux de l’Hexagone. La route qui s’accroche au versant est du col, jusqu’à 2 000 mètres, est une succession de petits lacets qui feront certainement votre bonheur.

Sournia, notre coup de cœur 
 
En haut, la vue est superbe sur une grande partie du parc. Une fois à Axat, toujours en suivant la D118 depuis Escouloubre, prendre la D117 jusqu’au village de Lavagnac. À droite s’ouvre la D22 qui mène au château de Puylaurens. C’est le premier des trois châteaux du pays cathare de notre parcours, une magnifique forteresse qui domine la vallée du haut de ses 697 mètres d’altitude.

En continuant la superbe D22, on atteint le village de Sournia, qui abrite 420 habitants et où se côtoient Catalans et Occitans, bercés parfois par la tramontane, parfois par le vent marin… Assurément un de nos coups de cœur de ce voyage. Ce n’est pas tant pour le village lui-même, mais pour sa position et son isolement. Ici, ce n’est plus un paysage de haute montagne, mais bien la garrigue avec ses chênes verts et ses résineux. En suivant la sinueuse D7 vers le nord, on arrive ensuite à Saint-Paul de Fenouillet et à l’entrée des gorges de Galamus. Le moment de faire le plein, à tous points de vue.

Le pays cathare
Les gorges de Galamus, site naturel classé, sont un passage étroit entre les départements des Pyrénées-Orientales et l’Aude. La route qui les traverse est longue de 2 km et très étroite. La vue est grandiose. L’ermitage de Saint-Antoine est une chapelle collée à la paroi. C’est aussi un lieu de pèlerinage pour les Occitans (lundi de Pâques) et les Catalans (lundi de Pentecôte).

En suivant toujours ce défilé, aller jusqu’au village de Cubières et ensuite aux deux plus célèbres châteaux du pays cathare, Peyrepertuse et Quéribus. Le premier se trouve sur une crête rocheuse d’où l’on peut voir toutes les vallées alentour. Le deuxième est une forteresse perchée sur un piton à 728 mètres d’altitude et offre une belle vue sur le Canigou. Tous deux faisaient partie du système de défense de la frontière entre la France et l’Aragon avant l’annexion du Roussillon par la France. Pour quitter l’Aude et retrouver les Pyrénées-Orientales, prendre la D19 à Maury et monter jusqu’à Sournia en passant par Ansignan et Trévillach.
Ce détour se justifie par la présence d’un bel aqueduc à Ansignan et la superbe route entre le col des Auzines et Sournia. Descendre ensuite vers Prades par le col de Rogue-Jalere et la D619.

Et pour finir, un match de rugby !
C’est une route sinueuse qui offre un panorama sur le massif du Canigou. Au croisement avec la D14, tourner à droite et monter jusqu’au village de Mosset, en direction du col de Jau. Mosset est une cité médiévale également classée parmi les plus beaux villages de France. La vieille chapelle, les rouelles, les « portals » ou encore les fontaines d’eau de source sont des passages incontournables lors d’une visite.

À la descente, à hauteur de Catilar, prendre à gauche et aller jusqu’à Eus. Ce village, classé lui aussi, est adorable et c’est notre autre coup de cœur. Construit autour de son château et de son église, Eus est une bourgade réservée aux piétons où il fait bon se perdre. Elle bénéficie d’un ensoleillement annuel qui fait la fierté de ses habitants et qui favorise une luxuriante végétation. Vu du sud, au milieu des arbres fruitiers, le spectacle de ce village accroché à la montagne est captivant. La fondation Boris Vian y organise chaque été le festival « Nits de Canço i de Musica ».

Sur la route de Perpignan ou de l’Espagne, en fin de voyage, n’hésitez pas à visiter Castelnou, un autre très joli bourg à seulement six kilomètres de Thuir ou encore le prieuré de Serrabone et sa montée impossible, et le village fortifié de Vinça… Pour finir et s’imprégner de l’esprit catalan et de la ferveur de ce peuple pour son équipe de rugby, rien vous empêche d’aller voir un match de l’USAP au stade Aimé-Giral de Perpignan. Comme par politesse…

avec la participation de Marc Calvet et Vanessa Wiber

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